Jusqu’ici en retard dans la voiture connectée, Faurecia vient de poser un pied dans le marché de l’automobile du futur, conformément à la nouvelle stratégie définie au printemps par les dirigeants de la société. Le premier équipementier automobile français et huitième mondial, spécialiste des sièges et des planches de bord, a en effet annoncé, mardi 6 décembre, vouloir acquérir d’ici à 2022 la division automobile de la société Parrot surtout connue pour ses drones grand public.

Le « deal » qui est tout près d’aboutir – les deux entreprises sont entrées en négociations exclusives – se fera en trois étapes. Dans l’immédiat, l’équipementier, contrôlé à 46 % par PSA, met plus de 20 millions d’euros sur la table pour acquérir un cinquième de l’activité automobile de Parrot. La deuxième phase consistera en une prise de contrôle à 50,01 % en 2019, pour aboutir, en 2022, à une détention à 100 % de Parrot Automotive.

Comme dans toute négociation réussie, chacun trouvera son compte dans cet accord. Parrot, d’abord. La jeune société française, star de le high-tech, ne cachait pas, depuis plusieurs mois, son envie de se délester de son activité historique : l’automobile (l’aventure Parrot a commencé avec la commercialisation de kits mains libres pour voitures à la fin des années 1990).

Nouvelle stratégie

La division auto, qui constitue encore l’essentiel des marges de Parrot, n’est clairement plus la priorité du patron, Henri Seydoux. Parrot veut surtout décoller dans les drones, sa branche en forte croissance. Le cash généré par l’opération sera le bienvenu pour financer cet objectif, d’autant que la santé financière de Parrot est chancelante. La société a publié, à la mi-novembre, une perte nette au titre du troisième trimestre 2016, de 26,3 millions d’euros.

Faurecia, de son côté, compte bien sur cette opération pour prendre un nouveau départ.

« Cet investissement dans Parrot Automotive nous donnerait une base solide dans les applications électroniques et l’infotainment pour les véhicules connectés », détaille Patrick Koller, le directeur général.

L’équipementier ne s’en cache pas : son catalogue de produits n’est pas suffisamment tourné vers les marchés à valeur ajoutée de l’électronique embarquée, de la connectivité et de la future voiture autonome.

« Pour le moment, les équipes de Faurecia ne répondent même pas à certains appels d’offres, car elles n’en ont tout simplement pas la capacité », affirme un spécialiste du secteur.

Un petit trésor

En avril, devant un panel d’investisseurs, les dirigeants de Faurecia ont redéfini leur stratégie, confirmée lors du dernier Mondial de l’automobile, à Paris, en octobre. L’entreprise veut se redéployer dans ce qu’elle appelle « le cockpit du futur ». Sièges bourrés de capteurs, connectivité intuitive, interface homme-machine intelligente, habitacle prédictif… Autant de nouveaux marchés qui ont l’avantage de générer des marges nettement plus substantielles que l’activité actuelle.

Parrot va permettre d’intégrer dans les planches de bord de Faurecia – belles, mais muettes – des écrans, des systèmes de reconnaissance vocale, des prises USB, des connexions Bluetooth. De son côté, Faurecia apportera sa connaissance des clients constructeurs et sa capacité industrielle à la jeune entreprise dynamique. Il n’est, pour autant, pas question de noyer Parrot Automotive et ses 200 employés dans la grosse structure qu’est Faurecia, avec ses 103 000 salariés et ses 20 milliards d’euros de chiffre d’affaires.

L’acquisition graduelle de Parrot par Faurecia constitue probablement la première étape d’une vague d’investissements tournés vers l’avenir. Grâce à la vente de son activité pare-chocs à Plastic Omnium ce printemps, l’équipementier dispose d’un petit trésor de guerre de 665 millions d’euros. Et il compte bien continuer à s’en servir.