Le candidat de l’opposition à la présidentielle ghanéenne, Nana Akufo-Addo, s’est déjà déclaré confiant dans sa victoire, jeudi soir 8 décembre. Ce vendredi, il creuse son avance selon plusieurs médias locaux tandis que la commission électorale, occupée au décompte des voix, n’a toujours publié aucun résultat officiel.

Le leader du Nouveau parti patriotique (NPP), qui se présentait pour la troisième fois au poste présidentiel a prononcé jeudi soir un discours triomphant, dans lequel il se disait « confiant d’avoir remporté une victoire historique » contre son rival John Dramani Mahama, en course pour un second mandat. Les résultats de 25 des 275 circonscriptions du pays étaient alors tombés et l’avance, très courte, oscillait à chaque nouveau résultat local entre les deux candidats.

Vendredi matin, plusieurs médias confirmaient l’avance de l’opposant. Deux radios lui donnaient 54,39 % et 54,75 % des voix et la télévision privée Joy News l’annonçait également vainqueur, avec 53 % des voix (pour 218 circonscriptions sur un total de 275). Selon les calculs de l’agence Bloomberg, basés sur les premiers chiffres publiés par la commission électorale, l’écart en faveur de M. Akufo-Addo est encore plus important, il obtiendrait 57 % des voix sur 80 circonscriptions.

Clubs de golf

En amont du vote, la commission électorale avait annoncé que les résultats seraient publiés entre jeudi et samedi soir. Mais l’attente semble particulièrement longue, notamment pour les partisans de M. Akufo-Addo qui célébraient déjà leur victoire devant la résidence de leur leader. Certains d’entre eux, armés de clubs de golf en début d’après-midi, avaient semblé prêts à en découdre avec leurs adversaires.

Ghana : J-1 avant la présidentielle
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Des violences sporadiques ont d’ailleurs émaillé la campagne et l’élection, même si, dans l’ensemble, le vote s’est déroulé dans le calme. Cependant, selon une source de la commission, des partisans de M. Akufo-Addo ont agressé des agents électoraux et des hackers ont semé la pagaille dans les applications téléphoniques et les réseaux numériques de surveillance du scrutin.

« Sérieux risques de violences »

Si finalement personne ne passe la barre des 50 %, les deux adversaires se retrouveront pour un second tour courant décembre.

Ces estimations ainsi que des déclarations de M. Akufo-Addo, qui prétend avoir déjà été « félicité » déjà par les autres candidats, attisent les tensions et font courir les rumeurs. Certains partisans du NPP affirment que la commission tarde à annoncer les résultats car elle n’est pas indépendante du pouvoir en place. Kwesi Koomson, un analyste ghanéen d’Africa Practice, se dit inquiet : « Ça ne sent pas bon. Si la Commission ne s’exprime pas de manière claire, il y a de sérieux risques de violences. »

M. Akufo-Addo avait appelé ses partisans à être « vigilants » lors du vote, pour empêcher le même scénario qu’en 2012, où il avait perdu de peu contre le même adversaire et avait contesté les résultats en vain devant la justice. Il a récemment déclaré qu’il n’excluait pas de revenir devant la justice s’il perdait ce scrutin.