La ministre de la fonction publique, Annick Girardin, sur le parvis de l’Elysée, le 5 octobre 2016. | STÉPHANE DE SAKUTIN / AFP

A l’occasion du 111e anniversaire de la loi de 1905 sur la séparation des Eglises et de l’Etat, vendredi 9 décembre, la ministre de la fonction publique, Annick Girardin, a annoncé la mise en place d’une formation au respect de la laïcité destinée à tous les agents du service public.

Au micro de RMC, elle a expliqué vouloir mettre en œuvre « immédiatement » six des vingt propositions de la commission dite « laïcité », mise en place au printemps, dont le rapport doit être rendu public vendredi. La ministre a notamment cité la préconisation d’une formation initiale obligatoire « à tous les niveaux pour tous les fonctionnaires », en « faisant des cas pratiques, en rappelant la loi ».

Mme Girardin souhaite également « qu’il y ait un référent laïcité dans toutes les administrations, qui puisse être joignable, de proximité », de telle façon que, lorsqu’un agent « a une question », il ait « tout de suite une réponse ». Cet « accompagnement, c’est essentiel », car « les agents sur le terrain me disent soit on a personne, soit on a contre-ordre », a-t-elle ajouté.

« Angoisses » et « sentiment d’abandon »

La laïcité est « bien appliquée dans la fonction publique et ne pose pas, en règle générale, de problème », mais le « ressenti » des agents est « assez négatif ». Ils « connaissent un certain nombre d’angoisses, un sentiment d’abandon », affirme Mme Girardin, citant quelques exemples à l’appui :

« A la piscine, la demande d’un couloir spécifique pour une femme, à l’hôpital qu’un enfant garde la kippa alors qu’il va rentrer en salle chirurgicale (…), un agent public qui vient travailler avec deux énormes boucles d’oreilles en forme de croix. »

Face à ces expressions religieuses, « d’abord il y a le droit » et puis « le bon fonctionnement du service, tous les sujets médicaux, la survie du patient ou les questions d’hygiène et sécurité », a-t-elle dit.

« Manque de formation »

Dans son rapport, que l’Agence France-Presse a pu consulter, la commission, présidée par Emile Zuccarelli, ancien ministre de la fonction publique (1997-2000), écrit que « le nombre de situations problématiques liées à l’application du principe de laïcité reste faible dans la plupart des structures publiques ». Le texte souligne :

« Les agents font état, dans une grande majorité, d’une difficulté – vécue ou appréhendée – liée à l’application de la laïcité. »

La « difficulté » vient du « manque de formation qui alimente une peur de ne pas savoir comment réagir en cas de problème » et « une crainte de ne pas être soutenu par leur hiérarchie ». Le rapport évoque notamment le fait que « lorsqu’un agent entend faire respecter les règles découlant du principe de laïcité, il peut parfois lui être reproché d’adopter une attitude discriminatoire à l’égard des personnes concernées (qu’il s’agisse d’ailleurs d’agents ou d’usagers) ».

En plus de la « formation initiale obligatoire » et de l’installation de « référents », la commission suggère la création d’un « portail Internet » sur la laïcité « commun » aux trois domaines de la fonction publique (Etat, hospitalière, territoriale). Elle propose également la mise en place d’un « baromètre », afin de « quantifier les difficultés » des agents sur le terrain et les analyser.