Paris connaît cette semaine le plus important épisode hivernal de pollution depuis au moins dix ans et son quatrième jour de circulation alternée. Les urgences pédiatriques ont connu, elles aussi, un pic de consultations, selon l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP).

Entre le 30 novembre et le 7 décembre, 2 045 patients ont été reçus pour des pathologies respiratoires, contre 1 151 l’an passé à la même période, soit une augmentation de 35 %. Cette observation est à prendre « avec prudence », précise toutefois l’AP-HP dans un communiqué.

Ces chiffres ont été publiés dans le cadre de l’étude Pollux, qui analyse depuis plusieurs années les données des urgences pédiatriques. « Sur les près de 1,3 million de patients (âgés de 0 à 18 ans) recensés sur cette période, plus de 47 000 se sont vu poser l’asthme comme diagnostic principal », explique l’étude.

En croisant les données des urgences en fonction de quatre variables environnementales (pollution, pollen dans l’air, virus respiratoires, conditions météorologiques), l’équipe a conclu « que les particules ultrafines PM2,5 étaient associées, de manière indépendante, aux autres variables, aux passages pour asthme aux urgences ».

Le professeur Bruno Housset, chef du service de pneumologie, à l’hôpital de Créteil (Val-de-Marne), observe vendredi, sur le site  Pourquoi docteur : « Depuis quelques jours, de nombreux médecins généralistes me racontent qu’ils voient augmenter les demandes de consultation en urgence pour des pathologies liées à la pollution. J’ai les mêmes retours dans certaines urgences hospitalières. »

« Les malades atteints de maladies pulmonaires souffrent pendant ces pics de pollution. Ils consultent plus fréquemment et nécessitent parfois une hospitalisation », confirme le docteur Christophe Prudhomme, urgentiste à l’hôpital Avicenne de Bobigny (Seine-Saint-Denis). Il décrit la période d’activité aux urgences et au SAMU comme « dense avec l’impression chez les soignants d’une augmentation des hospitalisations de ces populations fragiles ».

Paris lance une campagne contre la pollution automobile

La Mairie de Paris a lancé jeudi une campagne en ligne pour lutter contre la pollution automobile dans la capitale. « La pollution à Paris n’est pas une fatalité, et on va le démontrer », a déclaré Anne Hidalgo, qui s’est dite « déterminée à agir » face à une situation « inacceptable », lors d’une conférence après une réunion avec une délégation de pneumologues.

La campagne, dont le slogan est « La pollution automobile à Paris, il faut que ça s’arrête », sera diffusée sur les réseaux sociaux pour « confronter les Parisiens à la réalité » de la pollution de l’air, et de ses conséquences sur la santé. « Sarujan a arrêté de fumer il y a deux ans. Et pourtant cette semaine il a respiré l’équivalent de sept paquets de cigarettes », affirm l’un des visuels de la campagne.

A Paris, Mme Hidalgo assure que la circulation automobile est responsable de 55 % de la pollution dans la capitale. Une partie des pneumologues présents à ses côtés avaient défendu dans une tribune publiée en septembre dans Le Journal du dimanche le projet de piétonnisation des voies sur berges, et appelé à des mesures « courageuses » pour améliorer la qualité de l’air, rappelant que la pollution à Paris « entraîne environ 2 500 décès chaque année et retire plus de deux ans d’espérance de vie à 30 ans ».

Les autorités avaient annoncé plus tôt dans la journée que la circulation alternée serait reconduite vendredi à Paris et dans 22 communes de la petite couronne, en raison de la persistance de la pollution aux particules fines et au dioxyde d’azote, pour le quatrième jour d’affilée.

La pollution de l’air est à l’origine de 48 000 morts prématurées en France, selon l’Agence de santé publique, et coûte au pays plus de 100 milliards d’euros par an, d’après un rapport sénatorial.