Etudiants à l'université de Nanterre, le 28 janvier. | Eric Nunès

Ils se sentent épuisés, mais rien ne doit les détourner d’une source continue de stress : la réussite. Face à ce premier défi d’envergure à un carrefour de leur vie, ils sont nombreux à se sentir seuls. Voici le flot des étudiants, dont plusieurs centaines de milliers seraient sur la voie de la dépression. C’est ce que relève une étude de l’Observatoire de la vie des étudiants (OVE, sous tutelle du ministère de l’enseignement supérieur), publiée jeudi 8 décembre.

Tous les trois ans, l’OVE dresse le portrait de la population étudiante française à travers une vaste enquête. Cette année, l’oservatoire souligne « l’accentuation des fragilités psychologiques » de ces jeunes. En 2013, ils étaient 22 % à reconnaître éprouver un sentiment de solitude. Trois années plus tard, ils sont 28 %.

Sentiment « d’épuisement »

Ce sentiment d’isolement peut s’expliquer par le fait que l’accès aux études supérieures est également pour la plupart celui du grand saut vers l’indépendance. A 20 ans, 62 % des étudiants ont laissé derrière eux le logement familial et sa sécurité. Cette proportion passe à 84 % à partir de 24 ans.

Près d’un étudiant sur deux se sent isolé. Ils sont également 32 % à se dire déprimés, 37 % en ce qui concerne les étudiantes. Déjà en 2013, plus d’un étudiant sur deux ( 53 %) faisait part d’un état de stress ; ce taux monte également de 6 points en trois ans, atteignant 59 %, (69 % pour les jeunes femmes).

Isolement ajouté au stress et à la déprime... 61 % de la population étudiante évoque, au bout du compte, un sentiment « d’épuisement » ( +8 points de pourcentage par rapport à 2013). Un symptôme qui toucherait davantage encore les femmes (67 %, contre 53 % des hommes).

Baisse des aides de la famille

Les étudiants stressent, s’épuisent. Or, « près d’un étudiant sur deux travaille pendant l’année universitaire (46 %) », remarque l’OVE. Travail régulier et/ou job occasionnel s’ajoutent aux stages et alternances qui déjà s’ajoutent aux travaux académiques. Et pas toujours pour le mieux : « 42 % des étudiants qui exercent une activité fortement concurrentielle à leurs études estiment que celle-ci à un impact négatif sur leurs résultats. »

Depuis 2013, la dépendance financière des étudiants au revenu de leur propre activité a notablement augmenté, passant de 618 euros à 740 cette année. Il ne s’agit pas sur ce point d’un désengagement de l’aide publique vis-à-vis des étudiants. En effet, la part des bourses étudiantes et aides diverses est en augmentation de 6 points dans la structure des ressources pour l’ensemble des étudiants. Ce sont les aides de la famille qui, depuis trois ans, sont en baisse.

Toutefois, les étudiants boursiers sont moins nombreux à s’estimer en difficulté financière (26 %, contre 30 % en 2013). Et ce alors qu’il sont encore prêts d’un sur deux à reconnaître « se restreindre » et « piocher dans leurs économies » et 31 % d’avoir eu à gérer un découvert bancaire.