L’EI avait occupé Palmyre, ici le 27 mars 2016, en mai 2015 avant d’en être chassé en mars 2016. Les djihadistes avaient provoqué d’importants dégâts dans la cité antique, dynamitant notamment plusieurs temples. | STR / AFP

Coup d’éclat ou stratégie de reconquête ? Attaquant sur quatre axes l’armée syrienne et les Forces de défense nationale, une milice progouvernementale, l’organisation Etat islamique (EI) menace à nouveau la ville de Palmyre. Après s’être emparés, depuis jeudi 8 décembre, d’une douzaine de barrages routiers et de positions du régime, les djihadistes se seraient approchés à moins de 5 km de l’entrée sud-ouest de la ville, selon l’EI et les militaires syriens.

« Les forces aériennes russes et syriennes frappent les montagnes qui surplombent l’entrée sud-ouest de la ville. Certaines sources disent que l’attaque de l’EI a été contrée, d’autres paniquent face à la perspective d’un possible siège », reconnaissait, dans la soirée de jeudi le directeur du média gouvernemental Al-Masdar. L’Observatoire syrien des droits de l’homme fait état de la mort d’au moins 34 soldats syriens.

« Le régime a empêché un certain nombre de ses fonctionnaires et d’employés de quitter la ville au prétexte que leur devoir était de rester et de protéger leur quartier au cas où il se passerait quelque chose », affirme la coordination rebelle de Palmyre. « La situation dans la ville ce matin est normale, mais les gens sont inquiets », ajoutent les activistes, qui font état d’une poursuite des combats dans les environs.

Près de « 500 familles de fonctionnaires ou de proches du régime » seraient établies en ville, selon un membre du centre médiatique de Palmyre (opposition) joint par l’agence de presse syrienne Smart News.

« Deir ez-Zor est l’option de repli naturel des forces de l’Etat islamique »

L’EI avait occupé la ville de Palmyre en mai 2015 avant d’en être chassé par les forces gouvernementales appuyées par la Russie, en mars 2016. Les djihadistes avaient entre-temps provoqué d’importants dégâts dans la cité antique, classé au Patrimoine mondial de l’humanité par l’Unesco, dynamitant notamment plusieurs temples, dont ceux de Bêl et de Baalshamin, deux joyaux de la ville.

Depuis, l’organisation djihadiste n’a jamais cessé de maintenir une présence dans la région de Palmyre en harcelant régulièrement les troupes gouvernementales dans un arc de cercle de 15 à 20 km à l’est de la ville.

A 250 km de là, l’EI est solidement implanté dans et autour de la ville de Deir ez-Zor, où il assiège 80 000 habitants pris au piège depuis juillet 2014 dans une enclave contrôlée par Damas. Une zone d’où il peut acheminer des renforts, et où seraient arrivés ces derniers temps des militants en provenance d’autres régions où il perd du terrain.

« Avec la perte de ses autres bastions, Deir ez-Zor est l’option de repli naturel des forces de l’Etat islamique », estime le colonel John Dorrian, porte-parole installé à Bagdad de la coalition internationale dirigée par les Etats-Unis.

Sites gaziers aux mains des djihadistes

Autour de Palmyre et à l’est de Homs, le mouvement cherche aussi sans doute à profiter de la présence, dans la région d’Alep, des meilleures unités gouvernementales, dont la force Tigre, qui joue habituellement les pompiers dans le gouvernorat de Homs dès lors qu’il s’agit de repousser les incursions djihadistes.

Située entre les villes de Homs et Palmyre, la base aérienne de Tiyas était également menacée vendredi matin ; l’EI s’étant emparé de plusieurs positions aux abords de l’aéroport. Une cible évidente : c’est de cette base que décollent les hélicoptères russes qui soutiennent les troupes gouvernementales dans l’est du gouvernorat de Homs. Et c’est près de cette base que passe la route qui relie Homs à Palmyre, longeant une importante installation gazière, qui semble être tombée aux mains des djihadistes.

Outre celui de la région de Tiyas, plusieurs sites gaziers et pétroliers de cette région riche en hydrocarbures seraient aux mains des djihadistes, affirme l’EI, dont l’importent champ de Maher. Ils pourraient être l’objectif de cette offensive.

L’un des risques, côté gouvernemental, est celui d’un « raid économique », avec le sabotage des installations par l’EI s’il ne peut s’y maintenir. En mai 2016, il avait fait exploser plusieurs stations de pompage du champ d’Al-Chaer, un des plus importants du pays, avant de se retirer.