Le candidat du parti d’opposition (Nouveau Parti patriotique), Nana Akufo-Addo, s’est déclaré vainqueur avant les résultats officiels, à Accra, jeudi 8 décembre. | PIUS UTOMI EKPEI / AFP

Le chef de file de l’opposition ghanéenne Nana Akufo-Addo a remporté l’élection présidentielle contre le président sortant John Dramani Mahama, a annoncé vendredi 9 décembre soir la Commission électorale du Ghana.

10,7 millions d’électeurs se sont rendus aux urnes. Nana Akufo-Addo, qui se présentait pour la troisième fois à la fonction suprême, a remporté le scrutin avec 53,3 % des voix, contre 44,4 % pour son adversaire, le président sortant.

Le président du Ghana, John Dramani Mahama, qui était en lice pour un second mandat, a appelé le chef de l’opposition, Nana Akufo-Addo, pour le féliciter vendredi soir de sa victoire à la présidentielle. « Oui, il a concédé sa défaite », a confirmé à l’AFP George Lawson, porte-parole du Nouveau congrès démocratique (NDC), alors que l’opposition fêtait déjà sa victoire dans les rues d’Accra, à coups de feux d’artifice.

Un score sans ambiguïté

Des centaines de partisans, habillés de blanc des pieds à la tête, se sont rassemblés devant la modeste résidence de M. Akufo-Addo, pour célébrer leur victoire, 48 heures après la fermeture des bureaux de vote.

Le candidat du NPP avait déjà prononcé jeudi soir un discours où il s’affirmait vainqueur de l’élection présidentielle, alors que ni la Commission électorale, ni le parti du président sortant (NDC) n’avaient fait d’annonce officielle.

« Je pense que les Ghanéens peuvent être extraordinairement fiers », a déclaré l’un des observateurs du scrutin, Johnnie Carson, de l’Institut national démocratique. « Le Ghana s’est distingué pendant ses 25 dernières années comme étant un pays d’intégrité et de transparence. » Malgré quelques violences sporadiques en amont et pendant le vote, et malgré les tensions au lendemain de l’annonce non-officielle de la victoire de M. Akufo-Addo, un score sans ambiguïté entre les deux candidats a permis de mettre fin au plus vite à l’attente des résultats.

« Une fois encore, les Ghanéens pensent que leur bulletin est une manière efficace de se faire entendre et de montrer leur mécontentement », explique Manji Cheto, vice-présidente de Teneo Intelligence, une société d’analyse des risques basée à Londres mais spécialisée sur la région. « Il y a de claires indications que la démocratie commence à devenir un système mature en Afrique de l’Ouest, dans lequel les électeurs voient leur vote comme un droit qu’ils veulent exercer », a-t-elle dit à l’AFP.

Un engagement à l’aube du retour de la démocratie ghanéenne

Né à Kyebi, dans l’est du Ghana, M. Akufo-Addo a grandi dans une famille de l’élite politique nationale, et sa maison faisait office régulièrement de siège de parti. Son père, Edward Akufo-Addo, a été lui-même président à la fin des années 1960, et fait parti des « Big Six » (les Grands Six), tels que l’on désigne les pères de l’indépendance et de la nation ghanéenne (ex-Côte de l’Or).

Avocat, il a exercé en France et en Angleterre avant de revenir au Ghana. Mais ce n’est qu’en 1992, lorsque le pays a retrouvé la démocratie après des décennies de régimes militaires, que M. Akufo-Addo s’est engagé auprès du NPP.

Le premier mandat de M. Mahama, figure charismatique et réputé proche du peuple, a été entaché par un ralentissement de la croissance et par des scandales de corruption au sein de l’administration.