Capture d’écran issue d’une vidéo de propagande mise en ligne par l’organisation Etat islamique le 18 décembre 2014, sur laquelle apparaît Boubaker El Hakim (à droite). | Al-LTISAAM MEDIA FOUNDATIONAl/ AFP

Une sœur de Boubaker El Hakim, considéré comme l’un des plus hauts gradés français de l’organisation djihadiste Etat islamique (EI), a été mise en examen et incarcérée provisoirement, samedi 10 décembre, à Paris. Les enquêteurs antiterroristes la soupçonnent d’être partie en Syrie en 2015 avec son enfant pour y rejoindre les zones contrôlées par l’EI.

La femme de 32 ans a été mise en examen par un juge d’instruction antiterroriste pour « association de malfaiteurs terroriste » et pour « soustraction d’un parent à ses obligations légales », selon une source judiciaire. Elle a été incarcérée provisoirement dans l’attente d’un débat différé sur sa détention devant le juge des libertés et de la détention (JLD).

Cette arrestation, mardi, est survenue quelques jours après l’annonce sur Twitter de la mort, encore non confirmée officiellement, de Boubaker El Hakim, Franco-Tunisien de 33 ans soupçonné d’avoir inspiré plusieurs des attentats qui ont frappé la France et la Tunisie. Elle avait été interpellée mardi à Paris par la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) et avait été placée en garde à vue en même temps que deux autres membres de son entourage familial : une autre sœur et la mère de l’épouse du demi-frère du djihadiste, dont les gardes à vue ont été levées vendredi, « sans charges retenues contre elles à ce stade des investigations », selon la source judiciaire.

Filière des « Buttes-Chaumont »

La mort de Boubaker El Hakim, Franco-Tunisien de 33 ans, a été annoncée le 2 décembre sur le compte Twitter d’un collectif syrien d’opposants au régime de Bachar Al-Assad. Selon ce collectif, il aurait été tué le 26 novembre par une frappe de drone à Rakka, ville du centre de la Syrie et capitale autoproclamée du groupe djihadiste. Mais cette information n’a pas été confirmée officiellement à ce stade par la coalition qui mène des raids aériens sur les zones contrôlées par l’EI.

Né à Paris, Boubaker El Hakim est une figure de l’islamisme violent bien connue de l’antiterrorisme depuis une dizaine d’années, qui a d’abord combattu dans les rangs d’Al-Qaida en Irak, à partir de 2003-2004, avant de rallier l’EI. Il a revendiqué l’assassinat en 2013 des opposants laïques tunisiens Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi.

Il avait été condamné en mai 2008 à Paris à sept ans de prison ferme, avec une période de sûreté des deux tiers, dans le procès de la filière des « Buttes-Chaumont » qui envoyait de jeunes Parisiens faire le djihad en Irak dans les années 2000. Il avait été libéré en janvier 2011.

A l’époque, il apparaissait comme l’un des organisateurs de cette filière au côté d’un « émir » autoproclamé, Farid Benyettou. Parmi leurs émules figurait Cherif Kouachi, l’un des deux frères qui ont commis l’attentat contre le journal satirique Charlie Hebdo le 7 janvier 2015 (12 morts).

La justice antiterroriste n’a émis aucun mandat d’arrêt contre El Hakim en lien avec la série d’attentats perpétrés en France depuis 2015, mais les enquêteurs s’interrogent sur son rôle, selon une source proche de l’enquête.