LA LISTE DE NOS ENVIES

Cette semaine voyagez en haute altitude pour tout comprendre sur les bâtiments hors normes que les hommes ont édifié depuis l’époque des Pharaons, revivez le parcours politique de la chancelière allemande Angela Merkel et regardez le passionant documentaire de Francis Gillery sur l’assassinat de Jean de Broglie, en 1976, « une affaire d’Etat ».

A hauteur de ciel

Pyramides d’Egypte, cathédrales françaises, gratte-ciel de Chicago et de New York, tour Burj Khalifa à Dubaï, qui culmine à 828 mètres… Depuis des millénaires, l’homme n’a eu de cesse de construire des bâtiments toujours plus hauts. Et ce sont vers ces cimes que nous élève Richard Taillet, professeur de physique à l’université Savoie-Mont-Blanc. Un voyage en haute altitude, en somme, qui nous conduit à travers le monde. Et les âges.

A chaque étape de son voyage, le réalisateur rencontre des historiens, des scientifiques et des chercheurs qui nous expliquent dans quelles conditions ont été construits ces bâtiments hors normes. Qu’il s’agisse des pharaons d’Egypte, des évêques du Moyen Age ou des chefs d’entreprise de la fin du XIXe siècle, cette course à la hauteur a souvent été une façon de démontrer sa puissance. Mais elle fut aussi la conséquence d’accidents, et le grand incendie de Chicago, en octobre 1871 a favorisé l’émergence de gratte-ciel sans cesse plus hauts. Aujourd’hui, c’est le manque de place qui explique la prolifération d’immeubles toujours plus hauts dans les métropoles.

En dépit d’un commentaire au ton parfois agaçant et de certains tics de mise en scène qui conduisent à quelques longueurs, le périple que nous propose Richard Taillet reste passionnant et donne, pour qui y est sujet, le vertige. Joël Morio

« Bâtir toujours plus haut », écrit et réalisé par Emmanuelle Sudre et Alex Badin (France, 2016, 90 minutes). Sur Pluzz jusqu’au mercredi 14 décembre.

La face cachée d’Angela Merkel

C’était en 2000, à Essen, au cœur de cette Allemagne rhénane qui avait été si longtemps, pour elle, l’« autre » Allemagne. Angela Merkel avait alors 45 ans et, malgré une expérience ministérielle déjà longue auprès de Helmut Kohl, son accession, cette année-là, à la tête de l’Union chrétienne-démocrate (CDU) fut un petit tremblement de terre politique. Une femme à la tête du parti conservateur ? Du jamais-vu. Originaire de l’ex-Allemagne de l’Est ? Encore plus inattendu.

Seize ans plus tard, alors que la CDU réunit une nouvelle fois son congrès à Essen, du lundi 5 au mercredi 7 décembre, Angela ­Merkel est toujours là. Toujours présidente du parti. Et sur le point de briguer un quatrième mandat de chancelière, à l’occasion des législatives de septembre 2017.

Qui lui aurait prédit un tel destin ? Qui aurait imaginé que cette discrète fille de pasteur, longtemps regardée de haut par ses collègues, allait être considérée, un jour, comme la femme la plus puissante du monde ? C’est ce mystère que se propose de percer ce passionnant documentaire, pour lequel les auteurs ont interrogé plusieurs personnalités politiques de premier plan, parmi lesquelles Mme Merkel elle-même. Thomas Wieder

« Angela Merkel, dame de fer et mère bienveillante », de Matthias Schmidt et Torsten Körner (Allemagne, 2016, 90 minutes). Sur Arte.tv

Crime, mensonges et politique

© Amaury Brumault

Broglie, Boulin, Fontanet. Trois ministres de la Ve République qui moururent sous le septennat de Valéry Giscard d’Estaing (1974-1981) dans des circonstances opaques, assassinés pour deux d’entre eux, trois peut-être. Le premier de ces crimes a pour victime l’un des cofondateurs du mouvement des Républicains indépendants, dont il était devenu le très efficace trésorier.

Député de l’Eure, le prince Jean de Broglie, personnage de haut lignage qui avait défait Pierre Mendès France aux élections législatives de 1962 et tant fait pour l’ascension politique de Giscard, est abattu le 24 décembre 1976 devant le n° 2 de la rue des Dardanelles, près de la porte Maillot, à la stupéfaction de la classe politique.

C’est le public qui est sidéré à son tour lorsque le ministre de l’intérieur, Michel Poniatowski, violant le secret de l’instruction et bafouant la présomption d’innocence, déclare cinq jours plus tard l’affaire élucidée, arguant d’une obscure histoire de prêt entre le député et son conseiller fiscal. Circulez, il n’y a rien à voir. Pas si sûr…

Avec un soin et une rigueur qui faisaient déjà le prix – et le vertige – de La Double Mort de Pierre Bérégovoy (2008), Francis Gillery démonte la fable officielle, qui ne tient pas mais que nul ne remet vraiment en cause, même à l’heure du jugement des présumés coupables, aux premiers jours de l’ère Mitterrand. Incohérences, contradictions, mensonges, tout éclate au grand jour à l’écoute des protagonistes, témoins, journalistes, avocats et politiques. Passionnant. Philippe-Jean Catinchi

« L’Assassinat de Jean de Broglie, une affaire d’Etat », de Francis Gillery (France, 2016, 70 minutes). Sur Pluzz jusqu’au jeudi 15 décembre.