Le ministre des affaires étrangères italien, Paolo Gentiloni, a été nommé président du conseil. | AP/Virginia Mayo

Le ministre des affaires étrangères italien, Paolo Gentiloni, 62 ans, a été chargé de former un nouveau gouvernement, dimanche 11 décembre, par le président de la République, Sergio Mattarella.

Ce dernier, arbitre de la situation, avait déclaré samedi soir qu’il annoncerait « dans les prochaines heures » une solution à la crise politique ouverte en Italie, à la suite du non massif des Italiens au référendum constitutionnel la semaine précédente.

M. Gentiloni est un cadre du Parti démocrate (PD), la formation majoritaire dans les deux chambres du Parlement. Il doit encore formellement accepter cette nomination et former son équipe avant un vote de confiance qui pourrait avoir lieu dès mercredi, selon des sources politiques.

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La solution d’un gouvernement « Renzi II » avait les faveurs du chef de l’Etat dans un premier temps, selon la presse italienne, mais le jeune président du conseil semblait peu disposé à rester au Palais Chigi après sa défaite lors du récent référendum constitutionnel.

Résurgence de la crise bancaire

Ecartant d’emblée une dissolution du Parlement, défendue par les populistes du Mouvement 5 étoiles (M5S) et de la Ligue du Nord, M. Mattarella avait prévenu samedi soir que l’Italie avait au contraire besoin au plus vite d’un gouvernement « dans la plénitude de ses fonctions », au moment où la crise bancaire refait surface dans la troisième économie de la zone euro.

La troisième banque italienne (et la plus ancienne du monde), BMPS, est notamment dans une situation délicate depuis vendredi et le refus de la Banque centrale européenne (BCE) de lui accorder le délai qu’elle lui demandait avant de procéder à une augmentation de capital.

L’une des tâches essentielles du nouveau président du conseil pourrait être de trouver un accord au Parlement pour « harmoniser » les lois électorales en vigueur, faute de quoi l’Italie risquerait la paralysie en cas d’élections anticipées.

En effet, une loi votée en mai 2015, baptisée « Italicum », prévoit le recours au scrutin majoritaire pour élire la chambre des députés, alors que le Sénat l’est à la proportionnelle, ce qui éloigne la possibilité de former une coalition stable, au risque de rendre le pays ingouvernable.

Ce n’est qu’une fois cette loi électorale harmonisée, probablement vers davantage de proportionnelle compte tenu du rapport des forces politiques, que des élections pourraient avoir lieu.

C’est le vœu exprimé par le Parti démocrate de Matteo Renzi (centre gauche). « L’objectif est d’aller aux élections dans le délai le plus bref possible », a dit samedi soir le chef du groupe du PD au Sénat, après sa rencontre avec le chef de l’Etat.

Mais ce délai pourrait être assez long, le temps pour les forces politiques de se mettre d’accord, au grand dam du Mouvement 5 étoiles. Ce dernier a plaidé samedi pour un vote dès le début de l’année prochaine, sans attendre une nouvelle loi électorale.

Le M5S considère que la Cour constitutionnelle rectifiera à la fin de janvier la loi électorale en vigueur pour désigner les membres de la chambre, permettant ainsi des élections sans attendre d’interminables tractations parlementaires.