Kristy Sparow / Getty Images/AFP

A la tête du Théâtre du Rond-Point à Paris depuis 2001, Jean-Michel Ribes rend hommage, du 12 au 17 décembre, à son ami, son « frère », le dessinateur, écrivain et chansonnier Roland Topor (1938-1997). Ensemble, ils créèrent, notamment dans les années 1980, les émissions « Merci Bernard » et « Palace ». Avec le fils du poète, Nicolas Topor, Jean-Michel Ribes a imaginé une fête « kaléidoscopique » pour rendre compte du foisonnement de cet artiste protéiforme, combattant acharné de l’esprit de sérieux. Au programme : une soirée de textes fantaisistes, de chansons cocasses et de drôles de récits interprétés par une multitude de comédiens (Pierre Arditi, Edouard Baer, François Berléand, Zabou Breitman, Judith Magre, etc.), l’adaptation de la pièce inédite La Princesse angine, une sélection de films et de programmes télé (telle que la série « Téléchat ») mais aussi un Cabaret panique et ses invités consacré à l’humour hors norme de Roland Topor.

Quelle époque auriez-vous aimé connaître ?

Le Quattrocento. J’aime les choses qui naissent, qui transforment, qui surprennent, qui irruptent. J’aime tout ce qui invente les issues de secours pour fuir le vieux monde.

Une image de notre époque ?

Le jeune Tunisien [Mohamed Bouazizi] dont la tentative d’immolation par le feu, en 2010, a déclenché le « printemps arabe ». C’est la révolte des oubliés.

Un son ?

Le souffle d’une très jolie fille qui dort sur mon épaule.

Une expression agaçante ?

« C’est vachement sympa ».

Un personnage de notre époque ?

Picasso. Un génie protéiforme qui a tout fait, même avec rien. « Quand je n’ai pas de bleu, je prends du rouge », disait-il. Picasso, c’est la possibilité de la vie contre la barbarie de la civilisation.

Un livre/film ?

Un film : Huit et demi, de Fellini. J’ai été bouleversé par sa découverte quand j’avais 13 ans, la douleur d’aimer et l’impossibilité de créer. Un livre : toute l’œuvre de Raymond Queneau. Parce que c’est la tendresse mêlée aux mathématiques, l’invention du langage qui existe déjà, un immense poète de la fantaisie.

Un slogan ?

Tous les slogans politiques : je les déteste. C’est du rêve en boîte vide, de la photo retouchée, des trucs sans magie.

Un bienfait de notre époque ?

J’ai beaucoup d’admiration pour la recherche médicale.

Le mal de l’époque ?

Le populisme, la simplification des idées et du langage qui recouvrent de ténèbres les êtres complexes et poétiques que nous sommes. Le populisme, c’est le « dream killer ».

C’était mieux avant, quand…

Quand on ne disait pas que c’était mieux avant.

Ce sera mieux demain, quand…

Ce sera mieux demain. Nous n’avons pas d’autre choix.

« Le Rond-Point fait sa fête à Topor », du 12 au 17 décembre au Théâtre du Rond-Point, 2bis, avenue Franklin Roosevelt, 75008 Paris.