Dans l’aéroport Fiumicino de Rome. | MAX ROSSI / REUTERS

Alitalia et Air France-KLM divorcent après une quarantaine d’années de vie commune. L’un des plus longs mariages de l’aviation va donc prendre fin à l’initiative de la compagnie italienne. La séparation sera effective dès le 13 janvier 2017. Ce divorce est tout sauf une surprise. Alitalia avait dénoncé dès le printemps 2015 l’accord de coentreprise qui la lie encore pour quelques semaines au groupe franco-néerlandais.

Ce divorce est la conséquence logique du rachat d’Alitalia par Etihad, la compagnie aérienne d’Abou Dhabi qui détient, depuis début 2015, 49 % du capital du transporteur italien. A l’origine, le mariage d’Alitalia avec Air France-KLM avait pour but d’alimenter les hubs des trois compagnies : Roissy-Charles de Gaulle, Amsterdam et Rome. Une stratégie qui n’a plus de raison d’être depuis qu’Etihad a pris les commandes de la compagnie italienne. L’objectif de la compagnie du Golfe est désormais d’utiliser sa filiale italienne pour gonfler le trafic passagers de son aéroport amiral d’Abou Dhabi.

Plutôt que de resserrer ses liens avec Air France-KLM, Alitalia est incitée par son nouveau propriétaire à passer des accords avec les autres compagnies aériennes détenues par Etihad pour orienter toujours plus de trafic vers Abou Dhabi : Air Berlin, Air Seychelles, Virgin Australia, ou encore Air Serbia.

L’ombre d’elle-même

Du côté du groupe Franco-néerlandais, le divorce d’avec la compagnie italienne ne provoque pas de larmes. Il y a longtemps que la compagnie italienne n’est plus que l’ombre d’elle-même. Accablée par des difficultés financières récurrentes et des restructurations à répétition, elle a perdu sa position de leader sur son propre marché, fait-on remarquer. Conséquence : son apport financier à l’alliance en Europe avec Air France-KLM serait devenu très faible sinon négligeable.

Air France avait anticipé cette sortie en refusant de souscrire aux deux dernières augmentations de capital d’Alitalia préférant une dilution de sa participation. Pour tirer un trait définitif sur cette union, Alitalia devra mettre la main à la poche. Le contrat de mariage prévoit que la compagnie italienne débourse environ 30 millions d’euros. Un paiement encore en discussion.

Nouvelles difficultés économiques pour Alitalia

Bientôt officiellement divorcées sur les vols en Europe, Alitalia et Air France-KLM resteront quand même unies par leur alliance avec l’américaine Delta Airlines sur les vols transatlantiques. Pour l’heure, ni le groupe franco-néerlandais, ni Delta ne veulent pousser la compagnie italienne vers la sortie mais ils ne la retiendront pas si elle en exprime le souhait.

Alitalia doit par ailleurs faire face à de nouvelles difficultés économiques. Lundi 12 décembre, le conseil d’administration a décidé de reporter de quelques jours l’annonce d’un nouveau plan de restructurations drastiques. La compagnie italienne pourrait annoncer 2 000 suppressions de postes soit un sixième de ses effectifs. Pour faire des économies, Alitalia pourrait aussi « grounder », clouer au sol, une vingtaine de ses Airbus A320.

Il semble qu’Etihad a renvoyé à plus tard ses espoirs de remettre sa filiale italienne à l’équilibre en 2017. En 2014, la compagnie du golfe a investi 560 millions d’euros dans le cadre d’un plan de redressement de 1,76 milliard d’euros. Après avoir réduit ses pertes en 2015 de 381 millions d’euros à près de 200 millions d’euros, Alitalia a recommencé à perdre de l’argent cette année. En 2016, la perte devrait avoisiner les 400 millions d’euros pour se creuser encore plus en 2017 et atteindre 560 millions d’euros.