Le président colombien Juan Manuel Santos, à gauche, et le chef des FARC, Rodrigo Londoño, plus connu sous ses noms de guerre de « Timoleon Jimenez » ou « Timochencko », à droite, lors de la signature de l’accord de paix, le 26 septembre 2016 à Carthagène. | FERNANDA VERGARA / AP

La Cour constitutionnelle de Colombie a approuvé, mardi 13 décembre, une procédure accélérée, ou « fast track », permettant au Parlement de légiférer rapidement sur la mise en application de l’accord de paix entre le gouvernement et la guérilla marxiste des FARC.

La Cour a précisé que ses neuf magistrats se sont prononcés, par huit voix pour et une contre, en faveur de ce mécanisme spécial, suite à la ratification le 30 novembre par les parlementaires de l’accord signé avec les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) pour mettre fin à un demi-siècle de conflit armé.

« La décision de la Cour constitutionnelle est indubitablement une grande nouvelle pour le pays car elle va permettre aux Colombiens de pouvoir bénéficier de la paix plus rapidement et au Congrès de la mettre en œuvre en seulement six mois », a réagi le président du sénat, Mauricio Lizcano :

« Nous allons commencer par la loi d’amnistie [des guérilleros] qui, j’en suis sûr, sera présentée cet après-midi ou demain matin [mercredi], et d’autres projets de loi que le gouvernement tient prêts sur la juridiction spéciale pour la paix, sur le thème de la participation politique [des rebelles démobilisés] et sur celui de la lutte contre les paramilitaires. »

Le « fast track » permet de réduire de moitié le nombre de débats nécessaires avant le vote d’une loi et des textes d’application de l’accord signé par le président Juan Manuel Santos et le chef des FARC, Rodrigo Londoño, plus connu sous ses noms de guerre de « Timoleon Jimenez » ou « Timochencko ». En outre, les parlementaires ne peuvent amender les textes du gouvernement sans son aval préalable.

« Coup dur contre la démocratie » selon l’opposition

L’accord de paix prévoit notamment le désarmement des rebelles et la transformation de la plus importante guérilla du pays en parti politique. Détaillé dans un document de quelque 300pages, il est issu de presque quatre ans de pourparlers de paix avec les FARC, issues en 1964 d’une insurrection paysanne et qui comptent encore quelque 5 700 combattants.

Mais il avait dû être révisé pour y intégrer des propositions de l’opposition, sa première version ayant été rejetée le 2 octobre lors d’un référendum marqué par plus de 62 % d’abstention et où le « non » ne l’avait emporté qu’avec environ 50 000 voix d’avance sur le « oui ».

Le président Santos, qui a reçu samedi le prix Nobel de la paix en soutien à ses efforts pour la pacification de son pays, avait exprimé à Oslo l’espoir que la Cour « donne sa bénédiction (...) au fast track’afin de mettre l’accord en application le plus rapidement possible ».

Le parti d’opposition Centre Démocratique (droite), mené par l’ex-président et actuel sénateur Alvaro Uribe, leader de la campagne du « non » à l’accord, avait pour sa part appelé la Cour à voter contre ce mécanisme, le qualifiant de « coup dur contre la démocratie » car permettant des « changements substantiels de la Constitution sans consulter le peuple colombien. »

Le complexe conflit armé colombien a impliqué, au fil des décennies, une trentaine de guérillas de gauche, des paramilitaires d’extrême droite et les forces de l’ordre, faisant au moins 260 000 morts, plus de 60 000 disparus et 6,9 millions de personnes déplacées par la violence.

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