L’ambassadeur français auprès de l’ONU, François Delattre, a indiqué que Paris avait officiellement demandé mardi 13 décembre une « réunion immédiate » du Conseil de sécurité de l’ONU sur « la pire tragédie humanitaire du 21ème siècle » qui se déroule à Alep, en Syrie. « Nous devons tout faire mettre fin à l’effusion de sang, pour évacuer la population en toute sécurité et aider ceux qui en ont besoin », a-t-il ajouté devant des journalistes.

Avant lui, le ministre des affaires étrangères français, Jean-Marc Ayrault, avait déjà indiqué que « face aux allégations d’exactions à Alep », la France allait demander une telle réunion.

Tas de ruines

Plus largement, c’est la quasi-intégralité de la communauté internationale qui a condamné mardi « les atrocités » auxquelles sont confrontés les habitants d’Alep. Les bombardements n’ont cessé de s’intensifier sur la ville, en passe de retomber aux mains du régime Assad.

Le Haut Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme a fait état de 82 exécutions sommaires imputées à l’armée et aux milices qui lui prêtent main forte dans les quartiers repris aux insurgés. « Les informations dont nous disposons parlent de gens tués en pleine rue dans leur fuite ou chez eux. Il pourrait y en avoir beaucoup plus », a souligné son porte-parole, Rupert Colville. Selon lui, le dernier réduit des insurgés qu’il décrit comme un « lieu infernal » fait moins d’un kilomètre carré et sa prise est imminente.

Derrière eux, les civils laissent des tas de ruines et des bâtiments éventrés aux murs criblés d’impacts où ils tentaient de survivre sous les bombes, souvent sans aucune assistance médicale.

« Innombrables atrocités »

Pour l’ONG Médecins du monde, « Alep est dans une situation d’urgence absolue ». « Les bombardements n’ont pas cessé, l’armée et ses alliés rentrent dans les maisons d’Alep et tuent, les cadavres jonchent les rues depuis plusieurs jours, dénonce l’organisation, qui demande l’évacuation des habitants. Environ 100 000 personnes sont encore piégées sur un territoire de 5 km2. »

En France, le premier ministre, Bernard Cazeneuve, qui s’exprimait à l’Assemblée pour son discours de politique générale a lui dénoncé les « innombrables atrocités » et les « massacres » commis par le régime syrien contre des civils à Alep « avec l’appui » de la Russie, qui peuvent constituer des « crimes de guerre, voire des crimes contre l’humanité ».

« Nous ne pensons pas que le président Assad, qui dirige avec une telle cruauté barbare le peuple de Syrie, soit la voie vers un avenir sûr et prospère pour la Syrie à long terme », a estimé quant à elle une porte-parole de Downing Street, plaidant pour « une transition politique sans Assad » en Syrie.

Mevlut Cavusoglu, chef de la diplomatie turque, a confirmé qu’une réunion aurait lieu mercredi avec des représentants russes pour parvenir à un cessez-le-feu à Alep et à l’ouverture d’un corridor qui permettrait aux rebelles comme aux civils de quitter la dernière poche de résistance.

Les efforts diplomatiques déployés jusqu’ici pour sauver la population sont toutefois restés lettre morte. Les Etats-Unis et la Russie, qui négocient à Genève, n’ont rien échangé d’autre que des reproches, lundi. Moscou conditionne la trêve à l’ouverture des corridors alors que Washington exige un cessez-le-feu immédiat.