La Grèce n’a pas besoin de davantage de mesures d’austérité et les coupes budgétaires ont peut-être déjà été trop loin, ont estimé lundi 12 décembre deux responsables du Fonds monétaire international (FMI) dans un blog posté sur le site de l’institution. Dans un article intitulé Le FMI ne demande pas davantage d’austérité à la Grèce, le chef économiste de l’institution, Maurice Obstfeld, et le directeur du département Europe Poul Thomsen, reprochent à l’Union européenne d’imposer des objectifs d’excédents budgétaires trop ambitieux à Athènes.

« Contrairement à nos recommandations, le gouvernement grec a accepté avec les institutions européennes de réduire temporairement encore plus les dépenses budgétaires pour s’assurer que l’excédent primaire atteigne 3,5 % du produit intérieur brut (PIB) », écrivent ainsi les deux hommes. « Nous n’avons pas changé d’avis sur le fait que la Grèce n’a pas besoin d’encore plus d’austérité pour le moment. Dire que c’est le FMI qui le demande, c’est contraire à la vérité », ajoutent-ils, rappelant que l’institution recommande un excédent primaire – hors intérêts et remboursement de la dette – de 1,5 %.

« Niveau tout à fait insupportable »

Une grève générale a été organisée jeudi en Grèce pour protester contre la poursuite de l’austérité et la dérégulation du marché du travail réclamée par les créanciers du pays. Les ministres des finances de la zone euro, réunis il y a quelques jours à Bruxelles, s’étaient entendus sur un toilettage de la dette hellène qui totalise 315 milliards d’euros, soit 180 % du PIB.

Mais le FMI réclame des mesures d’allégement plus ambitieuses comme condition à sa participation au troisième plan d’aide de 86 milliards d’euros, accordé à Athènes en juillet 2015. « La dette grecque est à un niveau tout à fait insupportable et aucune réforme structurelle ne pourra la rendre supportable de nouveau », ont répété dans leur blog MM. Obstfeld et Thomsen.

Le président français François Hollande a également appelé lundi en recevant son homologue grec Prokopis Pavlpoulos à des mesures d’allégement de la dette. L’Allemagne, premier créancier de la Grèce parmi les pays de la zone euro, reste campée sur son orthodoxie budgétaire et renvoie à 2018 un règlement de fond sur cette question, après ses élections législatives prévues en septembre 2017.