Des travailleurs étrangers sur le chantier du stade Al-Wakra, pendant une visite organisée pour les médias par les autorités, le 4 mai 2015. | Maya Alleruzzo / AP

La réforme annoncée au Qatar du très controversé système de « parrainage », décrié par des ONG comme source d’abus contre les travailleurs étrangers dans ce pays organisateur du Mondial 2022 de football, n’entrera en vigueur qu’en décembre 2016. Selon le journal local Al-Sharq, vendredi 25 décembre, la loi portant sur la réforme de ce système, qui met les travailleurs étrangers à la merci de leur employeur – en position d’empêcher leur départ du pays ou de changer d’emploi –, est parue le 13 décembre dans le journal officiel du Qatar.

Au Qatar, les lois entrent en général en vigueur un an après leur publication au journal officiel. Cette fois-ci, précise le quotidien, la réforme de la « kafala » sera effective le 14 décembre 2016. C’est la première fois qu’une date est annoncée pour l’application de la loi.

Cette nouvelle pourrait modifier les conditions de vie d’environ 1,8 million d’étrangers qui travaillent dans ce pays, dont un grand nombre provenant du sous-continent indien. Ils représentent 90 % de la population et leur nombre doit atteindre 2,5 millions d’ici 2 020.

Possibilité de changer d’employeur

La nouvelle réglementation permettra à un travailleur étranger de demander une autorisation de sortie du pays au ministère de l’intérieur. S’il ne l’obtient pas au bout de trois jours, il aura la possibilité de s’adresser à une commission de recours. Il pourra également changer d’employeur à la fin de son contrat alors que selon la loi actuellement en vigueur, il doit quitter le pays à la fin de son contrat et ne peut y revenir que deux ans plus tard, à condition que son ancien employeur ne s’y oppose pas.

La réforme a été annoncée en octobre après une campagne de critiques des conditions de travail et de vie des migrants au Qatar, lancée par des ONG depuis que ce petit pays du Golfe s’est vu attribuer en 2010 l’organisation de la Coupe du monde en 2022. Près d’un an plus tôt, l’émirat du Qatar avait promis une nouvelle législation du travail, tout en restant très vague sur la date de sa mise en chantier.

Début décembre, Amnesty International a indiqué que l’absence de véritables réformes « déshonore » le Qatar, estimant que « trop peu a été fait pour lutter contre les abus généralisés liés aux travailleurs migrants ».