Anne Hidalgo, le 17 octobre, à Paris. | CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP

Après avoir espéré, en vain, que Christiane Taubira se lance, Anne Hidalgo était en quête d’une personnalité qui incarne sa propre « vision » dans la primaire à gauche. Si elle ne l’a pas sollicitée, la maire socialiste de Paris a encouragé la candidature de Vincent Peillon.
L’entrée dans l’arène du député européen est pour elle providentielle.

La démarche de M. Peillon est « sociale-démocrate assumée. Je m’inscris là-dedans », dit-elle. Mme Hidalgo invoque une même filiation jospiniste. Lionel Jospin, premier ministre de 1997 à 2002, est « celui qui m’a donné envie de rentrer au Parti socialiste en 1994 », a-t-elle rappelé, lundi 12 décembre.

Son soutien à M. Peillon permet à Mme Hidalgo de se positionner sur un axe central au sein de la famille socialiste. Elle lui donne l’occasion d’échapper à l’image – réductrice à ses yeux – de la « frondeuse » que lui ont value ses critiques de Manuel Valls. « Moi, je ne suis pas de la gauche du parti, j’ai toujours été une sociale-démocrate assumée et affirmée. J’ajoute l’écologie à ce qu’est la base de la social-démocratie », insiste-t-elle.

SI la maire de Paris s’engage derrière celui qui fut ministre de l’éducation nationale de 2012 à 2014, c’est aussi pour jouer sa propre partition au sein du PS. « Peillon va faire le chemin qui est le sien, dit-elle. De mon côté, je vais écrire mes convictions et les adresser à tous les candidats d’ici à la fin de la semaine. »

Mme Hidalgo avait résolu de diffuser le texte de propositions avant même la candidature de M. Peillon. A sa rédaction, elle a associé Emmanuel Grégoire, patron de la fédération PS de Paris, et membre de l’exécutif parisien ; Bruno Julliard, son premier adjoint, ex-conseiller de M. Peillon à l’éducation nationale ; ainsi que Jean-Louis Missika, adjoint à l’urbanisme et codirecteur de sa campagne municipale en 2014.

Les propositions de Mme Hidalgo porteront sur la lutte contre le réchauffement climatique, la grande cause de sa mandature, un combat dans lequel elle estime que les métropoles sont en première ligne. Elle plaidera aussi pour une réforme des institutions « très décentralisatrice », pour le renforcement du rôle du Parlement, le non-cumul des mandats dans le temps… Autant de thèmes qu’elle souhaite voir repris par le candidat qui sortira vainqueur de la primaire et qu’elle soutiendra, dit-elle, quel qu’il soit.

« Il y a à Paris une identité et une culture de la gauche »

Parrainer M. Peillon a une autre justification pour la maire de Paris : être en phase avec ses troupes et son électorat. « Ce qu’incarne Vincent correspond à l’attente de beaucoup de socialistes, de beaucoup d’électeurs et d’électrices de gauche dans la capitale », estime Patrick Bloche, député de Paris et cheville ouvrière de l’opération Peillon. De fait, Mme Hidalgo n’est pas la seule socialiste de la capitale à le soutenir.

« Un nombre significatif » d’adjoints, d’élus et de parlementaires parisiens « vont lui apporter leur parrainage », selon M. Bloche. Parmi eux, Rémi Féraud, patron du groupe PS de la ville de Paris et maire du 10e, Christophe Girard, maire du 4e, Catherine Baratti-Elbaz, maire du 12e, Pénélope Komitès, adjointe aux espaces verts à la Mairie. « Il y a à Paris une identité et une culture de la gauche qui s’est incarnée dans Jospin, Delanoë, Hidalgo, qui reste difficilement compatible avec ce qu’expriment Valls ou même les frondeurs », énonce M. Julliard.

En soutenant M. Peillon, Mme Hidalgo fait aussi la jonction, au-delà des cercles parisiens. avec d’autres sensibilités, à commencer par les aubrystes, qui soutiennent aussi le député européen. Elle laisse ainsi entrevoir son ambition de peser après la présidentielle dans la refondation du PS.