Le temple de Bêl à Palmyre, avant sa destruction par l’Etat islamique. | BERNARD GAGNON / CC BY-SA 3.0 / COMMONS

L’exposition gratuite « Sites éternels », consacrée à quatre sites du Patrimoine universel situés dans des zones de conflit, ouvre ses portes mercredi 14 décembre au Grand Palais.

Organisée par la Réunion des musées nationaux-Grand Palais et le Musée du Louvre, l’exposition « immersive » s’attache à représenter les sites de Palmyre et le krak des Chevaliers, en Syrie ; Khorsabad, dans le nord de l’Irak ; et la Grande Mosquée des Omeyyades de Damas. Des images issues de relevés photographiques en 3D effectués par des drones, sont projetées à 360 degrés sur les murs, donnant le sentiment d’être au cœur de ces sites majeurs.

« On voulait rendre accessibles ces sites, qui ne le sont pas, et montrer la beauté de ces œuvres », explique Jean-Luc Martinez, président du Musée du Louvre et commissaire général de l’exposition. « Nous avons retenu un patrimoine menacé par une situation de guerre », souligne celui qui est l’auteur, à la demande de François Hollande, d’un rapport présentant 50 propositions sur la protection des œuvres d’art dans les zones de conflit.

Ironie de l’agenda, l’exposition ouvre ses portes quelques jours après la reprise par l’Etat islamique (EI) du site de Palmyre.

Un « acte militant »

« Depuis Bamiyan [centre bouddhique en Afghanistan, orné à l’origine de trois monumentales statues de Bouddha, détruites par les talibans en 2001], il y a une instrumentalisation de l’opinion publique par la destruction, c’est le terrorisme par l’image », ajoute le président-directeur du Louvre. « Il nous appartient d’y répondre par la sensibilisation. Nous le faisons avec l’exposition au Louvre-Lens (« L’histoire commence en Mésopotamie », jusqu’au 23 janvier) et maintenant avec « Sites éternels » (ouverte jusqu’au 9 janvier).

En inaugurant l’exposition mardi soir, le chef de l’Etat l’a qualifiée d’« acte militant ». « Quand des populations sont à ce point visées, par le régime syrien et ses alliés et par Daech [acronyme arabe de l’EI], faut-il se préoccuper du patrimoine ? Qu’est-ce qui est le plus important ? Sauver des vies ou sauver des pierres ? En réalité ces combats sont inséparables. Il faut à la fois sauver des vies et sauver des pierres », a déclaré François Hollande, accompagné par la ministre de la culture, Audrey Azoulay.

« Cette exposition que nous venons de découvrir ensemble est saisissante. Elle met en lumière l’extraordinaire beauté du patrimoine du Moyen-Orient, mais également, à travers les images, les documents produits, l’extrême fragilité, la vulnérabilité, face à la folie de ceux qui veulent assassiner la mémoire », a ajouté le président de la République.