Pendant sa campagne, Donald Trump a accusé Pékin de manipuler sa devise pour favoriser ses exportations et n’exclut pas de relever les barrières tarifaires pour les produits fabriqués en Chine. | © Shannon Stapleton / Reuters / REUTERS

Est-ce un nouvel épisode dans l’escalade verbale entre Pékin et Donald Trump ? La Chine s’apprête à sanctionner un constructeur automobile américain, rapporte Le Quotidien du peuple, mercredi 14 décembre.

Les enquêteurs chinois ont établi que le groupe en question, dont le nom n’est pas révélé, avait donné en 2014 des instructions tarifaires à ses distributeurs, déclare Zhang Handong, un des membres de la Commission nationale du développement et de la réforme – la NDRC, chargée de superviser les politiques économiques.

Cette information est divulguée au moment où les relations entre la Chine et Washington se tendent, essentiellement en raison des prises de position du président élu américain, qui froissent le gouvernement chinois.

Multiples déclarations hostiles de Trump

Dimanche 11 décembre, Donald Trump a déclaré que les Etats-Unis n’étaient pas forcément tenus de se conformer au principe de la « Chine unique », comme ils le font depuis quarante ans. Cette déclaration du président élu se voulait une réponse à la protestation diplomatique de Pékin après un entretien téléphonique entre le président élu et la présidente taïwanaise le 2 décembre.

Pendant sa campagne, Donald Trump a aussi accusé Pékin de manipuler sa devise pour favoriser ses exportations et n’exclut pas de relever les barrières tarifaires pour les produits fabriqués en Chine. Sur le plan militaire, les Etats-Unis se disent prêts à faire face à la Chine si cette dernière maintenait ses revendications démesurées en mer de Chine du Sud, a déclaré mercredi l’amiral Harry Harris, le chef de la flotte américaine du Pacifique.

Pourtant, M. Zhang affirme au Quotidien du peuple qu’il ne faut pas chercher de coïncidence entre l’annonce de ces sanctions et la cible choisie.

Premier marché automobile mondial

Le marché automobile chinois est le premier au monde. L’année 2015 a été marquée par un brutal ralentissement avec des ventes de 24,6 millions de véhicules, soit une hausse de 4,7 % seulement sur un an… très loin derrière le bond de presque 14 % enregistré en 2013 et de la progression de quasiment 7 % en 2014.

Il est capital pour les acteurs américains comme General Motors (GM) ou Ford Motor. Chez Ford, le porte-parole des activités pour l’Asie et le Pacifique dit ne rien savoir de la situation évoquée par Le Quotidien du peuple. GM reste muet.

Dans un éditorial, le quotidien en anglais China Daily demande à M. Trump de « reconnaître l’importance des relations économiques entre la Chine et les Etats-Unis » et rappelle que « plus d’un tiers des ventes de General Motors sont réalisées en Chine, et qu’un tiers des voitures produites aux Etats-Unis utilisent des pièces détachées fabriquées par Wanxiang, une entreprise à capitaux chinois qui emploie 12 500 personnes aux Etats-Unis ».

La NDRC a déjà pris pour cible des constructeurs étrangers comme Audi, Daimler-Mercedes-Benz, Toyota et des joint-ventures de Nissan. Le 1er décembre, la Chine a imposé une taxe supplémentaire de 10 % sur l’achat de voitures de luxe dont le prix de vente dépasse 1,3 million de yuans (177 000 euros).