Documentaires sur France 2 à 20 h 55

France 2 : le doc choc : POUTINE , le nouvel empire
Durée : 03:17

Avec l’intervention de son armée en Syrie et son veto diplomatique à l’ONU pour trouver une solution à ce conflit, la Russie est revenue au centre de la scène internationale. Après avoir été marginalisée et souvent méprisée par les dirigeants occidentaux, la Fédération russe veut maintenant redéfinir – à sa manière – les grands équilibres géo-stratégiques issus de la fin de la guerre froide.

A la manœuvre, on retrouve Vladimir Poutine, chef absolu de la nouvelle Russie depuis dix-sept ans qui, tout en tenant son pays d’une main de fer, s’impose désormais comme un chef d’Etat incontournable voulant redonner à la Russie sa puissance d’antan. Que ce soit en Tchétchénie, remise au pas au prix de centaines de milliers de morts, en Géorgie ou en Ossétie, le maître du Kremlin a montré de nouveau ses ambitions, particulièrement en faisant revenir la Crimée dans le giron Russe et en s’opposant militairement aux indépendantistes ukrainiens qui voulaient basculer dans le camp de l’Europe. Dans le premier documentaire de cette soirée spéciale consacrée à Vladimir Poutine, Laurent Delahousse revient sur tous ces conflits et décrypte à travers de nombreuses archives et témoignages l’ascension de ce « fils du peuple », pur produit du système soviétique.

Réflexe nationaliste

Ils racontent comment cet ex-lieutenant-colonel assez terne du KGB (le service de renseignement de l’URSS) est devenu un des maîtres du monde qui avance ses pions en s’alliant avec les pays émergents. D’un point de vue intérieur, il s’appuie surtout sur son peuple qui, dans un réflexe nationaliste après le démantèlement de son empire, rêve toujours de grandeur.

C’est ce renouveau que tente d’expliquer Jean-Michel Carré dans son documentaire Poutine, le nouvel empire, diffusé en deuxième partie de soirée. Déjà auteur de plusieurs films passionnants sur les soubresauts de la Russie, Jean-Michel Carré avance que Poutine est en train de gagner la bataille qu’il a engagée avec le modèle libéral occidental en constituant, comme à l’époque de la guerre froide, un nouveau bloc, l’Eurasie, constitué de fortes puissances (la Chine, l’Iran et l’Inde) dont le centre stratégique serait Moscou.

2803401 03/08/2016 March 8, 2015. Russian President Vladimir Putin delivers a message of congratulation to Russian women on the International Women's Day. Alexei Druzhinin/Sputnik | Alexei Druzhinin / RIA Novosti

Interrogés par le réalisateur, de nombreux observateurs et experts estiment que ce plan de bataille rencontre un écho favorable auprès du peuple russe qui, malgré la corruption institutionnalisée et le délabrement des infrastructures, plébiscite Poutine, autocrate assumé mais capable, selon eux, de régler les difficultés du pays. Une détermination qui, selon le réalisateur, séduit aussi à l’étranger, particulièrement dans les petits pays de la vieille Europe, qui voient avec Poutine un moyen de ne pas être marginalisés par le nouvel ordre mondial. On comprend dès lors pourquoi l’élection surprise, en novembre, à la présidence des Etats-Unis de Donald Trump, piètre stratège en politique internationale, a ravi les dirigeants russes…

Mais il n’y a pas que quelques nations à être séduites par le ­combat de Poutine. Le chef du Kremlin a aussi compris que, pour faire avancer ses idées, il fallait s’appuyer sur l’ensemble des partis de l’extrême droite nationaliste. A travers toute l’Europe (Angleterre, France, Belgique…), les leaders extrémistes en pleine ascension, à l’image de Marine Le Pen en France pour le Front national, voient en Poutine un modèle de rechange et qui n’hésite pas à les aider financièrement, comme l’ont montré plusieurs enquêtes.

La bataille pour un nouvel ordre mondial ne fait que commencer et la Russie a de grandes chances de distribuer les cartes dans les toutes prochaines années.