Le président nigérian Muhammadu Buhari a présenté au Sénat, mercredi 14 décembre, un budget qu’il a qualifié d’« ambitieux » pour l’année 2017, promettant de sortir le pays de « la situation économique la plus difficile » de son histoire.

Le budget national proposé par le chef de l’Etat s’élève à 7 000 milliards de nairas (22 milliards d’euros), soit 20 % de plus que le budget 2016, qui était déjà un record pour le pays. Une somme qui devrait permettre, selon lui, de « sortir le Nigeria de la récession aussi vite que possible », en investissant dans les secteurs de l’énergie, de l’agriculture et des services en priorité.

Le géant d’Afrique de l’Ouest, qui dépend presque entièrement du pétrole, a souffert cette année de la chute du prix du baril et d’une chute de la production et devrait voir sa croissance se rétracter de 1,7 % en 2016, selon les prévisions du Fonds monétaire international (FMI). L’économie est étouffée par une sévère pénurie de devises étrangères, qui gèlent importations et investissements étrangers.

« Nous continuons à faire face à la situation économique la plus difficile dans l’histoire de notre nation », a reconnu M. Buhari devant l’Assemblée nationale à Abuja. « La patience et la résilience des Nigérians sont mises à rude épreuve. (…) Mais je reste convaincu que c’est aussi une période de grandes opportunités », a-t-il déclaré, se voulant rassurant.

« Inaction du gouvernement »

Les prévisions faites par le chef de l’Etat pour élaborer son budget sont particulièrement optimistes, appuyées sur une estimation de production de 2,2 millions de barils par jour (contre 1,9 actuellement) et un naira plus fort que les taux actuels, à 305 nairas par rapport au dollar (contre 315 nairas aujourd’hui) alors que les économistes appellent à une nouvelle dévaluation.

Le budget de l’année 2016, basé sur une prévision de production de 2,2 millions de barils, n’a pas été honoré, et le gouvernement a annoncé en octobre que seulement la moitié des sommes prévues pour les différents ministères avait été distribuée.

L’année 2017 pourrait faire face aux mêmes problèmes, selon la société d’analyse financière BMI Research. « Nous ne nous attendons pas à ce que le niveau des dépenses de l’Etat atteigne le budget proposé », écrit BMI Research dans une note, ajoutant « ce n’est pas seulement le manque de revenus qui handicape les dépenses, mais aussi l’inaction du gouvernement ».

Dans son discours d’introduction, Bukola Saraki, le président du Sénat, a voulu répondre aux critiques, affirmant que « le peuple du Nigeria nous pardonnera si nous faisons des erreurs. Il ne nous pardonnera pas, si nous ne faisons rien ».