Ils sont donc neuf, dont une seule femme, sur la ligne de départ pour la primaire à gauche, organisée par le PS les 22 et 29 janvier 2017. Les prétendants socialistes avaient jusqu’à ce jeudi 15 décembre, 18 heures, pour déposer les parrainages nécessaires. Reste à ce que la Haute autorité des primaires citoyennes les examine puis les valide, le 17 décembre, pour que la campagne démarre officiellement. Certaines candidatures peuvent dont encore ne pas être retenues. D’ici là, petit tour d’horizon biographique.

  • Benoît Hamon, 49 ans, l’ancien syndicaliste étudiant

Benoît Hamon, candidat PS à la primaire à gauche, le 9 décembre 2016, à Paris. | BERTRAND GUAY / AFP

Son ancrage à gauche, Benoît Hamon le revendique depuis sa jeunesse passée à militer dans les rangs de l’association SOS Racisme. En 1986, il est également partie prenante des manifestations lycéennes et étudiantes contre la loi Devaquet, vaste mouvement qui l’incite un an plus tard à prendre sa carte à l’UNEF, principal syndicat étudiant, avec lequel il est resté proche.

Epris de rap et notamment du groupe NTM, Benoît Hamon a passé les premières années de sa vie en Bretagne… puis au Sénégal. Pour les besoins professionnels de son père, ingénieur, la famille s’installe à Dakar. L’enfant y étudie dans un établissement catholique du CE2 à la 5e.

Il est l’un des plus prompts à s’être déclarer prêts pour la primaire. Représentant l’aile gauche du PS, Benoît Hamon a dit, dès le 16 août, son désir de rompre avec « les quinquennats [qui] se succèdent », avec « les hommes providentiels aussi ». De quoi prendre de vitesse Arnaud Montebourg, lui aussi sur le même créneau politique, qui a annoncé à son tour, quelques jours plus tard, sa candidature.

Les deux hommes se sont toujours suivis de près. Benoît Hamon n’avait eu d’autre choix que de quitter le gouvernement le même jour que le ministre de l’économie, en août 2014, après l’offense à l’exécutif de la « cuvée du redressement ». Ancien ministre délégué à l’économie sociale et solidaire (2012-2014), puis de l’éducation nationale (avril-août 2014), Benoît Hamon compte bien se démarquer du quinquennat écoulé. L’ex-porte-parole du PS pendant la précédente campagne présidentielle milite, entre autres, pour l’instauration d’un revenu universel d’un montant de 535 euros par mois.

  • Arnaud Montebourg, 54 ans, le chantre du Made in France

Arnaud Montebourg, candidat PS à la primaire à gauche, à Longvic (Côte-d’Or, le 7 décembre 2016. | ROMAIN LAFABREGUE / AFP

Adhérent du PS depuis 1981, Arnaud Montebourg commence son parcours d’élu en 1997 quand il devient député de Saône-et-Loire, puis président du conseil général du même département en 2008. Mais le jeune homme – 35 ans à l’époque – a déjà une carrière derrière lui. Avocat de profession, il s’est fait connaître en 1995 en portant plainte au nom des contribuables parisiens pour prise illégale d’intérêts, dans l’affaire de l’appartement du fils du premier ministre d’alors, Alain Juppé.

En 2012, il est nommé ministre du redressement productif dans le gouvernement Ayrault, portant la défense du « made in France ». A l’automne 2012, il essuie son premier revers de taille sur le dossier de la fermeture des hauts-fourneaux de Florange (Moselle) et défend en vain la nationalisation du site d’ArcelorMittal que lui refuseront François Hollande et Jean-Marc Ayrault. En avril 2014, la nomination de Manuel Valls à Matignon, qu’il a ardemment soutenue, lui vaut une promotion gouvernementale : il obtient le titre de ministre de l’économie.

Connu pour son éloquence, adepte des coups d’éclats, M. Montebourg quitte Bercy en août 2014 sur fonds de désaccords politiques et se lance dans le monde de l’entreprise, suit une formation dans une école de commerce réputée, crée une société, puis est nommé vice-président du conseil de surveillance de la chaîne d’ameublement Habitat.

En se lançant dans la primaire à gauche, l’ancien ministre de l’économie entame lui aussi sa deuxième campagne, espérant réaliser un meilleur score que lors de la précédente élection interne : en 2011, il avait terminé troisième du scrutin qui avait désigné François Hollande candidat. A l’époque, il avait fait campagne contre la corruption des élus et les paradis fiscaux, pour la « démondialisation » et la promotion d’une VIe République. Il espère désormais pouvoir rassembler sur son nom la gauche déçue du hollandisme et éviter la dispersion des voix au premier tour de la présidentielle.

Lire l’entretien avec Arnaud Montebourg : « La primaire est une arme de construction massive »
  • Vincent Peillon, 56 ans, le philosophe et romancier

Vincent Peillon, candidat PS à la primaire à gauche, le 12 décembre 2016. | ERIC FEFERBERG / AFP

On le pensait retiré de la vie politique depuis qu’il avait quitté le ministère de l’éducation au printemps 2014. Vincent Peillon, eurodéputé de 56 ans, natif des Hauts-de-Seine, se consacrait depuis deux ans et demi, en Suisse, à ses cours de philosophie à l’université de Neuchâtel et à l’écriture de romans policiers – dont le prochain doit paraître en février 2017. Il est sorti de sa retraite politique dimanche 11 décembre pour se lancer dans la primaire à gauche, expliquant que le choix de Hollande de ne pas se représenter avait changé la donne. Sa candidature surprise est surtout vue comme une tentative du noyau dur socialiste d’empêcher Manuel Valls de s’imposer comme le nouveau leader du parti.

Agrégé et docteur en philosophie – il est l’auteur d’une thèse sur Maurice Merleau-Ponty –, ce fils d’un banquier communiste et d’une chercheuse à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), qui, à 20 ans, se rêvait écrivain, est entré en politique sur le tard : il a 32 ans quand il devient collaborateur d’Henri Emmanuelli à l’Assemblée nationale. Il sera élu député de la Somme cinq ans plus tard, en 1997, puis propulsé porte-parole du PS en 2000, sous l’autorité de François Hollande.

Elu député européen pour la première fois en 2004, il a été ministre de l’éducation entre 2012 et 2014. Son passage de deux ans rue de Grenelle n’est pas passé inaperçu. Sa réforme des rythmes scolaires a entraîné une levée de boucliers très médiatisée, puis son « ABCD de l’égalité » contre les stéréotypes filles-garçons à l’école a déclenché les foudres de La Manif pour tous et de l’extrême droite.

Après le choc d’avril 2002, c’est avec Montebourg et Hamon qu’il avait créé l’éphémère courant rénovateur Nouveau parti socialiste (NPS). Avant de soutenir successivement Ségolène Royal (dont il a été porte-parole en 2007 avant de s’en détourner), Dominique Strauss-Kahn, puis François Hollande.

Lire aussi l’entretien avec Vincent Peillon : « Je n’y serais pas allé si Hollande avait été candidat »
  • Manuel Valls, 54 ans, le rassembleur à marche forcée

Manuel Valls, le 12 décembre 2016, à Villemoustaussou, dans l’Aude. | RAYMOND ROIG / AFP

Ce sera la deuxième primaire socialiste à laquelle Manuel Valls se présente. En 2011, l’ancien maire d’Evry (de 2001 à 2011) avait recueilli 5,6 % des voix et apporté son soutien à François Hollande. Cette fois, il a officialisé sa participation à la primaire après que le président sortant a annoncé qu’il renonçait à briguer un second mandat. Et a démissionné de son poste de premier ministre, qu’il occupait depuis 2014.

Fils d’un artiste peintre ayant fuyant l’Espagne franquiste, né à Barcelone en 1962, naturalisé français 20 ans après, Manuel Valls connaît son premier engagement politique en 1980, à 17 ans, lorsqu’il adhère au Mouvement des jeunes socialistes pour soutenir Michel Rocard, auprès de qui il se formera – l’ancien premier ministre, mort en juillet, l’avait reconnu comme un de ses « héritiers ». A l’époque, il fait la connaissance des deux hommes qui restent encore aujourd’hui ses amis les plus proches : le publicitaire Stéphane Fouks et le criminologue, ancien maître du Grand Orient, Alain Bauer.

Entre ses années dans l’équipe de communication du premier ministre Lionel Jospin, celles à Argenteuil, où il est adjoint au maire puis conseiller municipal (de 1989 à 2001), et celles à Evry, où il est maire et député de la première circonscription de l’Essonne (de 2002 à 2012), cet amateur de football fabriquera sa « marque », en parlant sécurité et laïcité bien avant que ces sujets ne soient à la mode socialiste. Ce qui lui vaudra la réputation de « droitier » au sein du parti. Une ligne qu’il poursuivra lorsqu’il sera ministre de l’intérieur (de 2012 à 2 014), puis premier ministre (de mars 2014 à décembre 2016).

Incarnant la candidature de la gauche gouvernementale, l’ancien rocardien se pose aujourd’hui en successeur de François Hollande et se retrouve en position de devoir assumer le bilan du quinquennat, qui est aussi le sien. Son mot d’ordre est désormais : « Faire gagner tout ce qui nous rassemble. » Un slogan pour tenter de faire oublier quelques-unes de ses déclarations : en février, il faisait état de « positions irréconciliables à gauche » entre les partisans du gouvernement et ses contempteurs.

  • Gérard Filoche, 70 ans, l’ancien inspecteur du travail

Gérard Filoche, candidat PS à la primaire à gauche, le 19 septembre 2016. | JOEL SAGET / AFP

Ni ancien ministre, ni député, ni maire : Gérard Filoche, 70 ans, n’a, contrairement aux autres candidats, jamais eu de mandat électif, mais plutôt un parcours atypique. Natif de Rouen, fils d’un cheminot, il obtient une maîtrise de philosophie en 1968 et exerce de nombreux métiers avant de devenir, en 1985, inspecteur du travail. Grand connaisseur du droit du travail – sujet dominant de ses trente-trois livres –, il sera jusqu’à sa retraite en 2010, la bête noire des patrons. Syndiqué à la CGT, farouche opposant à la loi travail, il se définit comme un défenseur inconditionnel des travailleurs.

Lire l’intégralité de son portrait : Gérard Filoche, un candidat socialiste singulier

Entré en politique à l’Union des étudiants communistes et au PCF, dont il est exclu en 1966, il figure parmi les fondateurs de la Ligue communiste (ancêtre de la LCR). Il rejoint, en 1994, le PS, « sans renoncement » à ses idées révolutionnaires. Campant aujourd’hui à l’extrême gauche du PS, il siège au bureau national de son parti.

En juin, il s’est déclaré candidat à la présidentielle sans abandonner son rêve d’une « candidature commune de toute la gauche », rassemblant socialistes, communistes et écologistes. Celui qui se veut « le candidat des petites retraites et des petits salaires » résume son programme en cinq nombres « 1800-32-60-20-5 » : smic à 1 800 euros brut par mois, semaine de 32 heures, retraite à 60 ans, pas de rémunération supérieure à vingt fois le smic, pas plus de 5 % de salariés en contrat à durée déterminée ou en intérim.

  • Fabien Verdier, 35 ans, l’inconnu

On ne l’attendait pas là. Fabien Verdier, membre du conseil national du PS, conseiller municipal de Chateaudun (Eure-et-Loir) fait partie des neuf candidatures jugées « sérieuses » par la Haute autorité de la primaire à gauche. Ancien conseiller aux cabinets de Michèle Delaunay ou de Najat Vallaud-Belkacem, le diplômé de Sciences Po et de l’ENS Cachan a décidé de se lancer pour « défendre les classes moyennes, qui sont délaissées, maltraitées et peu écoutées » confiait-il au Monde en octobre.

Secrétaire national du Parti socialiste, chargé du pôle « production et répartition des richesses », avait défendu à l’automne 2012, lors du congrès de Toulouse, une motion qui appelait à rénover le PS, en s’appuyant sur ses jeunes militants. Il proposait notamment d’abaisser à 15 ans l’âge de vote aux élections locales et de permettre d’être élu sénateur dès l’âge de 18 ans. Mais cette « motion 5 » n’avait recueilli que 1,4 % des voix.

  • Jean-Luc Bennahmias, 62 ans, l’inclassable

Jean-Luc Bennahmias, candidat Front démocrate à la primaire à gauche, le 11 octobre 2016. | JOEL SAGET / AFP

Avant de s’engager activement en politique, Jean-Luc Bennahmias a signé des articles pour La Gueule ouverte, annexe écolo de Charlie Hebdo, dans les années 1970, puis à La Vie ou encore L’Evénement du jeudi. Viennent ensuite un passage aux Amis de la Terre, une carte au PSU et la rencontre avec les Verts quelques mois après leur création, en 1984.

Lire l’intégralité du portrait : Jean-Luc Bennahmias, l’homme qui se vendait bien

Politiquement, la carrière de ce petit-fils de pasteur, écolo un peu à part, s’avère aussi hétéroclite que la liste des publications pour qui il a travaillé : ancien responsable de la communication des Verts au Parlement européen, puis lui-même eurodéputé (en 2004), M. Bennahmias a porté le costume de secrétaire national des Verts (de 1997 à 2001)… puis de vice-président du MoDem, qu’il a rejoint en 2007 et quittera en 2014.

Avant de fonder un nouveau parti de centre gauche, le Front Démocrate. Puis, en septembre 2015, de participer à la création de l’Union des démocrates et écologistes (UDE), avec Jean-Vincent Placé et François de Rugy, qui venaient de quitter EELV. Mais c’est avec le Front démocrate qu’il présente sa candidature à la primaire à gauche, sans avoir à recueillir les parrainages demandés aux candidats socialistes.

  • François de Rugy, 43 ans, l’écolo-compatible avec le PS

François de Rugy, candidat (Parti écologiste) à la primaire à gauche, le 3 décembre 2016. | JEAN-CLAUDE COUTAUSSE / FRENCH POLITICS POUR "LE MONDE"

Diplômé de Sciences Po Paris et président d’un mouvement écologiste à 22 ans, conseiller municipal à 27, député à 33… le député de Loire-Atlantique (depuis 2007) est tombé tôt dans la marmite de la politique. En 2012, à 38 ans, il prend la présidence du groupe EELV à l’Assemblée nationale, qu’il dirigera en tandem avec Barbara Pompili.

En mai 2016, après la démission de Denis Baupin, il prend l’une des six places de vice-président de l’Assemblée nationale. Le même mois, il quitte le groupe écologiste avec cinq autres députés verts, entraînant sa disparition. Il rallie le nouveau groupe socialiste, écologiste et républicain.

Manière d’entériner sa rupture avec EELV, qu’il avait déjà quitté en août 2015 pour fonder son microparti, Ecologistes ! – renommé Parti écologiste –, lequel lui permet aujourd’hui de se présenter à la primaire à gauche sans avoir à recueillir les parrainages nécessaires aux prétendants socialistes. Ce n’était pas la première fois que l’auteur de Ecologie ou gauchisme il faut choisir (L’Archipel, 2015), qui se décrit comme « un mitterrandiste », flirtait avec les socialistes.

Longtemps adjoint chargé des transports d’Ayrault à Nantes, le natif de la cité des Ducs s’oppose au projet d’aéroport de Notre-Dame -des-Landes. Il reproche à l’Etat de passer en force et de ne pas privilégier l’extension de l’actuel aéroport de Nantes.

  • Sylvia Pinel, 39 ans, la candidate de Jean-Michel Baylet

Sylvia Pinel, candidate (PRG) à la primaire à gauche, le 26 novembre 2016. | FRANCOIS GUILLOT / AFP

Sylvia Pinel est à peine diplômée en droit et n’a que 24 ans quand le président du conseil général du Tarn-et-Garonne d’alors, le radical de gauchen Jean-Michel Baylet, l’embauche à ses côtés, avant de la promouvoir chef de cabinet puis de l’imposer pour les élections locales. Ses parents étaient tous deux élus locaux et amis de M. Baylet. Elue députée du Tarn-et-Garonne en 2007, Sylvia Pinel échoue aux cantonales de 2011 avant de se faire réélire en 2012, avec 60 % des suffrages, face à une candidate du FN. Elle entre à l’Assemblée « en continuant à rembourser [ses] prêts étudiants ».

Investie dans la campagne de François Hollande en 2012, la jeune députée est nommée en mai ministre déléguée à l’artisanat, au commerce et au tourisme au sein du gouvernement Ayrault. En avril 2014, elle est nommée ministre du logement dans le gouvernement Valls en remplacement de Cécile Duflot, portefeuille qu’elle quittera deux ans plus tard pour se consacrer à sa nouvelle fonction de première vice-présidente du conseil régional d’Occitanie.

En septembre, elle succède à Jean-Michel Baylet à la tête du Parti radical de gauche, puis annonce en novembre sa candidature à la présidentielle de 2017, d’abord sans passer par la primaire de gauche… avant finalement que son parti ne change d’avis, et choisisse de la faire passer par la case primaire.