L''homme à la voix d'or
Durée : 02:00

Rien moins que l’Opéra royal de Versailles pour célébrer la musique du royaume des Deux-Siciles, ses fastes comme sa tradition populaire, autour du ténor lyrique Roberto Alagna. Et ce, à l’occasion de la parution de son nouveau CD, Malèna (le prénom de la fille qu’il a eue avec la soprano Aleksandra Kurzak en février 2014), où l’artiste renoue avec la veine de son programme Sicilien (2008), hommage à ses origines îliennes, en croisant des airs traditionnels napolitains et des créations originales signées de ses frères Frederico et David.

Répertoire de soleil et d’énergie

Alagna a donc invité ses amis à partager son goût pour ce répertoire de soleil et d’énergie en y incluant des airs d’opéra en lien avec ces terres du Sud, du Catane Bellini (Bianca e Fernando, I Puritani) au Napolitain Leoncavallo (I Pagliacci), en passant par Verdi ou Mascagni quand leurs intrigues sont méridionales (I Vespri siciliani et Cavalleria rusticana).

Outre son épouse Aleksandra et sa partenaire de prédilection Béatrice Uria-Monzon, Natalie Dessay et Laurent Naouri, les confrères sardes Francesco Demuro et Piero Pretti, la basse espagnole Ruben Amoretti et le ténor américain Michael Spyres, le violoniste serbe Nemanja Radulovic comme l’ensemble corse Barbara Furtuna sont de la fête. Même si la pertinence de l’Orchestre de chambre de Paris, emmené par Yvan Cassar, est plus légitime pour le lyrique que pour les chants populaires, quelque peu dénaturés dans un tel dispositif symphonique.

Roberto ALAGNA | Jean-Baptiste Millot

Après le concert, enregistré aux premiers jours de novembre, la diffusion du documentaire Roberto Alagna, l’homme à la voix d’or, d’Andy Sommer, est précieuse tant le chanteur a multiplié les prises de risques, de ses reprises de Luis Mariano (il n’oublie pas ses débuts au cabaret) à l’opéra adapté de Hugo, Le Dernier Jour d’un condamné, qu’il a coécrit avec ses frères en 2007, l’année même où il créait à Marseille, avec Angela Gheorghiu, Marius et Fanny de Vladimir Cosma d’après Marcel Pagnol.

Les hasards et les audaces, la générosité de son jeu, sa diction parfaite, qui permet de se passer des surtitres tout en modernisant l’héritage d’un Georges Thill, le rôle du clan familial : aucune fausse note dans cette évocation qui rend justice à un artiste qui aime l’inconnu, l’inédit et le risque, jusqu’à oser le cinéma, incarnant Cavaradossi dans la Tosca de Benoît Jacquot (2001).