Le président du Zimbabwe, Robert Mugabe, à Harare, le 6 décembre 2016. | JEKESAI NJIKIZANA / AFP

Le président zimbabwéen, Robert Mugabe, âgé de 92 ans et au pouvoir depuis trente-six ans, a été investi samedi candidat à l’élection présidentielle de 2018 par le parti au pouvoir, l’Union nationale africaine du Zimbabwe-Front patriotique (ou, en anglais, la ZANU-PF, pour Zimbabwe African National Union-Patriotic Front).
M. Mugabe a été désigné sans surprise par le congrès annuel de son parti réuni à Masvingo, à 300 km au sud-est de la capitale, Harare.

Les délégués ont fait part de « leur soutien au président et premier secrétaire, le camarade Robert Mugabe, comme candidat unique pour les prochaines élections de 2018 », a déclaré Eunice Sandi Moyo, la vice-secrétaire de la ZANU-PF.

L’investiture de M. Mugabe, au pouvoir depuis l’indépendance de l’ancienne colonie britannique, en 1980, a été saluée par les applaudissements de milliers de ses partisans scandant en langue shona « tongai, tongai baba », « dirige-nous, dirige-nous, père ».

En dépit de son âge et de faiblesses de santé, M. Mugabe n’a pas désigné de successeur ni donné de date pour son éventuel départ de la présidence. Il a même un jour affirmé sur le ton de la plaisanterie qu’il resterait au pouvoir jusqu’à ses 100 ans.

Luttes intestines

En l’absence d’un successeur désigné, des luttes intestines au sein du parti au pouvoir se sont faites jour et un mouvement de contestation a gagné jusqu’à d’anciens combattants de la guerre d’indépendance.

Ceux-là ont publiquement manifesté leur défiance l’été dernier, en pleine vague de manifestations sociales anti-Mugabe, accusant le dirigeant de comportement « dictatorial » et avertissant qu’ils ne soutiendraient pas une nouvelle candidature à la présidence du chef de l’Etat.

La répression de toute forme d’opposition a jusque-là réussi à éteindre la contestation. Mais la grave crise économique que traverse le Zimbabwe, où 90 % de la population est au chômage, maintient une pression sur le régime. Pour pallier le manque de liquidités qui asphyxie l’économie, le gouvernement a lancé le mois dernier une nouvelle monnaie, des « billets d’obligation » indexés sur le dollar, ravivant dans la population les craintes de l’hyperinflation des années 2000.