Une des auditions publiques de l’Instance vérité et dignité en Tunisie, le 16 décembre. | FETHI BELAID / AFP

Les auditions publiques des victimes de la dictature en Tunisie ont repris dans la soirée du vendredi 16 décembre et se poursuivront samedi 17 décembre. De premiers témoignages ont été entendus les 17 et 18 novembre dans le cadre de ce dispositif mis en place par l’Instance vérité et dignité (IVD), créée fin 2013 pour faire la lumière, en cinq ans maximum, sur les multiples violations des droits de l’homme de ces dernières décennies.

Dans un local destiné aux avocats, près de Tunis, Mehrezia El Abed, qui a été emprisonnée pour son appartenance au parti islamiste Ennahda, sous le régime du président Zine El-Abidine Ben Ali, commence son récit dans un silence total.

« Il n’y pas un jour qui passe sans que je me rappelle ce que j’ai vécu dans la chambre de torture au ministère de l’intérieur (…), j’ai connu toutes les formes de torture au point de souhaiter ma mort. »

« La liberté n’est pas une chose facile ! Vous devez la préserver ! », lance-t-elle enfin au public composé d’hommes politiques, de représentants de la société civile et de proches de victimes.

Le 17 décembre, date symbolique

Créée durant la transition démocratique née de la révolution de 2011 contre le régime de Ben Ali, point de départ du printemps arabe, l’IVD est chargée de réhabiliter les victimes et de leur octroyer réparation.

La période sur laquelle elle enquête s’étend de juillet 1955 à fin 2013. L’instance autonome dispose de très larges pouvoirs et a – en principe – un accès total aux archives publiques. Les crimes dont elle peut être saisie vont de l’homicide volontaire à la torture, en passant par le viol, les exécutions extrajudiciaires, la privation de moyens de subsistance et la violation de la liberté d’expression.

La deuxième partie des auditions va reprendre samedi 17 décembre, une date hautement symbolique puisqu’elle marque l’anniversaire de l’immolation par le feu du vendeur ambulant Mohamed Bouazizi. Cet incident qui avait donné le coup d’envoi, il y a six ans, de la révolte contre le régime ayant abouti à la chute de Ben Ali le 14 janvier 2011 et sa fuite avec sa famille en Arabie Saoudite.

Malgré le caractère historique du rendez-vous, ni le président Béji Caïd Essebsi ni le chef du gouvernement Youssef Chahed n’ont assisté à ces nouvelles séances publiques de l’IVD.