Plusieurs personnalités politiques allemande demandent des comptes à Facebook. | JUSTIN TALLIS / AFP

L’Allemagne hausse une nouvelle fois le ton face à Facebook, cette fois en raison des fausses informations proliférant sur le réseau social. Depuis l’élection de Donald Trump à la présidentielle américaine, Facebook a été accusé d’avoir favorisé sa victoire en laissant ces « hoaxes » circuler sur sa plate-forme.

Une passivité intolérable, selon le ministre allemand de la justice, Heiko Maas, qui a menacé Facebook, dans un entretien à la Süddeutsche Zeitung, vendredi 16 décembre, de « conséquences judiciaires » s’il ne se montrait pas plus efficace pour modérer ces canulars et fausses informations, mais aussi les discours haineux. Dans une autre interview accordée dimanche à Bild, le ministre a critiqué le fait que « Facebook gagne des sommes indécentes avec les fausses informations ».

« Une entreprise qui gagne des milliards avec Internet a aussi une responsabilité sociale. La diffamation doit être supprimée immédiatement, dès son signalement. »

Menace d’amendes conséquentes

Mais Heiko Maas n’est pas la seule figure politique allemande à avoir mis en garde Facebook ces derniers jours. Volker Kauder, un haut responsable du parti de la chancelière Angela Merkel, a quant à lui regretté vendredi dans un communiqué qu’il n’y ait eu « que des discours » à ce sujet « pendant trop longtemps », rapporte la Deutsche Welle. Il assure que la coalition au pouvoir « prendra des mesures dès le début de l’année prochaine ». Il compte notamment imposer à Facebook de disposer de bureaux en Allemagne capables de modérer en temps réel, 24 heures sur 24, les contenus signalés par les internautes. « Nous prévoyons d’imposer d’importantes pénalités qui affecteront les entreprises comme Facebook si elles ne prennent pas leurs responsabilités », a-t-il ajouté.

Thomas Oppermann, président du groupe parlementaire du Parti social-démocrate (SPD), a expliqué vendredi au Spiegel que Facebook devrait, selon lui, écoper d’une amende de 500 000 euros pour chaque publication problématique qui ne serait pas supprimée en 24 heures.

Inquiétudes à l’approche des élections fédérales

Ce n’est pas la première fois que Facebook fait l’objet d’un rappel à l’ordre en Allemagne. Avant l’émergence du débat sur les fausses informations, le réseau social était fortement critiqué à cause des nombreux messages racistes publiés sur la plate-forme, notamment autour de la question des migrants. Le gouvernement avait alors mis en garde Facebook à plusieurs reprises, menaçant de le punir si les contenus répréhensibles n’étaient pas supprimés plus rapidement. Désormais, les inquiétudes liées aux fausses informations progressent aussi en Allemagne, à quelques mois des élections fédérales.

Croulant sous les critiques, Facebook a annoncé vendredi une série de mesures pour lutter contre les fausses informations, mais seulement aux Etats-Unis dans un premier temps. Les internautes pourront désormais signaler les contenus qu’ils repèrent comme étant de fausses informations. Ceux-ci seront soumis à des employés de Facebook, qui vérifieront la nature du site à l’origine de l’information, et travailleront en lien avec des organismes spécialisés dans la vérification de l’information. S’ils jugent qu’il s’agit d’un « hoax », alors les internautes tentés de partager ce contenu recevront un avertissement, leur signalant que sa véracité est contestée. Ces contenus seront également moins mis en avant sur le fil d’actualité.