Yahya Jammeh en 2014. | ISSOUF SANOGO / AFP

Yahya Jammeh, qui a dirigé la Gambie durant vingt-deux ans et conteste sa défaite à l’élection présidentielle du 1er décembre, a affirmé qu’il ne quitterait pas le pouvoir, avant une décision de justice sur sa demande d’annuler le scrutin, dans une déclaration télévisée mardi 20 décembre au soir.

« Je ne partirai pas » tant que la justice n’aura pas tranché, la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao, 15 pays) « essaie de me pousser dehors, cela n’arrivera pas », a affirmé M. Jammeh en assurant que l’investiture d’Adama Barrow, déclaré vainqueur du scrutin, n’aurait pas lieu le 19 janvier, comme le préconise cette organisation régionale Cédéao, qui le presse de quitter le pouvoir.

M. Jammeh est longuement revenu sur sa décision initiale de reconnaître, dès le 2 décembre, la victoire d’Adama Barrow, qu’il avait appelé devant les caméras pour le féliciter, puis son revirement une semaine plus tard, le 9 décembre, en dénonçant notamment des erreurs commises par la Commission électorale indépendante (IEC) et des intimidations de ses partisans.

Le 13 décembre, son parti a saisi la Cour suprême pour demander l’annulation des résultats accordant la victoire à l’opposant Adama Barrow avec quelque 19 000 voix d’écart sur lui. Un recours introduit le jour même où la Cédéao a dépêché à Banjul une mission de quatre chefs d’Etat pour le convaincre de céder le pouvoir, sans succès.

Le président pour la tenue d’une nouvelle élection

La situation en Gambie a de nouveau dominé le sommet de la Cédéao tenu le 17 décembre à Abuja, à l’issue duquel l’organisation a redemandé à Yahya Jammeh de reconnaître les résultats du scrutin et de ne pas compromettre un transfert pacifique du pouvoir à Adama Barrow. Lors de ce sommet, les dirigeants ouest-africains ont aussi décidé de « garantir la sécurité et la protection » de M. Barrow et de se rendre à Banjul pour son investiture le 19 janvier, à l’expiration du mandat de Yahya Jammeh, « conformément aux dispositions de la Constitution gambienne ».

« La Cédéao essaie de me pousser dehors. Cela n’arrivera pas. Tant que la Cour n’aura pas rendu sa décision sur cette affaire, il n’y aura pas d’investiture, le 19 janvier. Et nous verrons ce que la Cédéao et les grandes puissances derrière elle pourront faire », a soutenu Yahya Jammeh. « Je ne serai intimidé par aucune puissance dans ce monde. Je veux m’assurer que justice soit rendue », a-t-il encore ajouté, estimant que la seule manière pour ce faire « est d’organiser de nouveau une élection, afin que chaque Gambien vote. Et c’est la seule manière de résoudre cette affaire pacifiquement et équitablement. »