Chris Daniels, vice-président de l'initative Internet.org, à Cape Town (Afrique du Sud) le 12 décembre 2016. Internet.org a été lancé par Facebook afin de permettre l'accès à Internet dans les pays en développement. | DR/ Samir Abdelkrim

Rien ou presque ne semble réprimer le rêve d’expansion africaine de Mark Zuckerberg. Pas même la pulvérisation du précieux satellite AMOS-6 sur son pas de tir, en Floride, en septembre dernier. Ce concentré de nouvelles technologies, d’une valeur estimée à 200 millions de dollars, devait permettre à Facebook de déployer son projet Internet.org sur l’ensemble du continent.

Pour Facebook, les zones « blanches » du continent, celles où les infrastructures Internet sont insuffisantes ou n’existent pas encore, recèlent les centaines de millions de futurs utilisateurs qui viendront alimenter sa croissance future. Après l’échec du satellite AMOS-6, il faudra attendre. Quatre années sont nécessaires pour construire un nouveau satellite à mettre en orbite. Chris Daniels, vice-président du projet Internet.org, détaille les projets imaginés pour favoriser l’accès à Internet sur le continent.

Comment couvrir les populations “déconnectées”, notamment en Afrique ?

Facebook développe plusieurs projets. Nous travaillons sur le projet de drone solaire géant, Aquila. Nous ferons bientôt voler ces drones à une altitude de 60 000 pieds pour apporter la connectivité dans les zones les plus reculées, jamais couvertes par un réseau. Nous avons aussi l’initiative Internet.org qui repose sur deux axes. Le projet Express WiFi, qui consiste à installer des bornes wi-fi en partenariat avec des fournisseurs d’accès locaux, apportera une connexion Internet très rapide, à très bas coût. En Inde par exemple, Express Wifi permet d’apporter un Internet dont la vitesse est trois fois plus rapide que la 3G, pour un prix trois fois moins cher. En Afrique, Express Wi-Fi est déjà disponible au Nigeria, en Tanzanie, en Afrique du Sud et le sera bientôt au Ghana. Le second axe s’appelle Free Basics, un service de fourniture de contenus Internet entièrement gratuit, à travers une application que nous déployons déjà dans une vingtaine de pays africains. Au total, Internet.org a permis de connecter à Internet 40 millions de personnes dans le monde.

Vous dites que la plateforme Free Basics est gratuite, mais son contenu est limité et les critiques à son encontre ne manquent pas…

Depuis un an, nous ouvrons largement Free Basics à tous les développeurs, où qu’ils se trouvent. Notre plateforme est ouverte, tout le monde peut y installer son application pour la rendre accessible au plus grand nombre. Nous avons attiré des milliers d’applications et le mouvement continue de se développer.

L’explosion du satellite AMOS-6 a été un coup dur pour Facebook. Cela va-t-il ralentir le déploiement d’Internet.org sur toute l’Afrique ?

La perte du satellite a été une déception pour nous mais l’impact est resté finalement marginal car nous innovons dans d’autres technologies de pointe et nous avons simplement modifié nos plans d’actions en nous adaptant. L’Aquila va monter en puissance dans les années qui viennent et s’intégrera pleinement dans notre stratégie.

En quoi vos projets vont-ils aider les entrepreneurs africains et l’économie du continent ?

Nous voulons aider les petites entreprises à mettre en place des hotspots Express Wi-Fi dans leurs villes et leurs villages. Ils deviennent alors eux-mêmes des fournisseurs d’accès à Internet [au Nigeria, les forfaits Internet Express Wifi de 5 gigaoctets sont revendus pour moins de 5 euros]. En apportant la connectivité dans un endroit où l’Internet n’a jamais existé auparavant, vous créez des opportunités économiques, vous créez des métiers et de nouveaux emplois. Les petites entreprises qui développent une activité sur Internet voient leurs revenus augmenter, ils constatent que le nombre de visiteurs dans leur magasin progresse, ils proposent de nouveaux services, ils peuvent vendre des produits à un meilleur prix.

L’Afrique est-elle une priorité pour votre entreprise ?

L’Afrique est une priorité tant du point de vue de la croissance de Facebook que dans le cadre de notre mission globale qui est de connecter le monde. Donc oui, clairement.

Samir Abdelkrim, entrepreneur et consultant avec StartupBRICS. com, un blog sur l’innovation dans les pays émergents.