Les évêques de la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco) ont adressé, mercredi 21 décembre, un ultimatum poli mais ferme aux protagonistes du dialogue politique entre le pouvoir et l’opposition, qui réclame le départ du président Kabila.

« Notre souhait est de clôturer avant Noël. Si les acteurs politiques et de la société civile n’arrivent pas à un compromis à cette échéance […] la Cenco en tirera toutes les conséquences qui s’imposent », a averti Mgr Marcel Utembi, président de la Cenco. De son côté, le Pape François a également eu un mot pour la RDC lors de son audience hebdomadaire, en lançant un appel aux dirigeants du pays pour la réconciliation et à la paix.

Dialogue suspendu le 17 décembre

L’Église catholique a joué un rôle majeur dans l’ouverture démocratique pendant les dernières années du règne du dictateur Mobutu Sese Seko, renversé en 1997 par Laurent-Désiré Kabila, père de l’actuel président. Elle jouit d’une importante audience sur les questions politiques qui dépasse largement le cercle de ses fidèles (environ 40 % de la population). « Tout le monde a les yeux rivés sur les pourparlers. Les gens attendent le mot d’ordre de la Cenco », a déclaré à l’AFP un responsable associatif à Kinshasa.

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Les pourparlers sous l’égide de la Cenco ont commencé le 8 décembre en vue d’instaurer un régime de transition chargé d’organiser la présidentielle et d’éviter une nouvelle descente aux enfers du pays, qui a connu plusieurs guerres et des millions de morts depuis 1996. Ils avaient été suspendus le 17 décembre en l’absence d’avancée majeure.

La discussion achoppe notamment sur l’avenir du chef de l’État, soupçonné par ses détracteurs de vouloir se maintenir illégalement au pouvoir et contre lequel l’opposant historique Étienne Tshisekedi a appelé la population à « résister pacifiquement ».

En attendant, selon l’ONG Human Rights Watch 26 personnes ont été « tuées par des forces de sécurité lors de manifestations à Kinshasa, Lubumbashi, Matadi et Boma » (autre ville de l’Ouest) alors que selon les autorités, il y a eu onze morts : neuf dans la capitale et deux à Lubumbashi.

A Kinshasa, les forces de l’ordre restaient déployées massivement et la vie n’a repris que timidement mercredi, tandis qu’à l’échelle du pays les restrictions des réseaux sociaux ont été renforcées. Un agent de la sécurité intérieure a expliqué à l’AFP que l’ordre avait été donné « d’empêcher que l’on dise du mal du pays » et que cela visait particulièrement « les médias occidentaux ».

Menaces de sanctions internationales

Ces violences ont déclenché une série de condamnations internationales ces derniers jours. Les Nations unies ont ainsi reproché mercredi « l’usage excessif de la force » par les forces de sécurité congolaises face aux manifestants et l’Allemagne, qui a reporté sine die des négociations sur l’aide au développement, n’exclut pas d’autres mesures de rétorsion.

De son côté, la Belgique, l’ancienne puissance coloniale, a fait savoir qu’elle allait « réexaminer » ses relations avec la RDC et la France a appelé l’Union européenne à faire de même.

Âgé de 45 ans, M. Kabila est au pouvoir depuis 2001 et la Constitution lui interdit de se représenter. Sa décision de se maintenir à la tête de l’État au moins jusqu’en 2018, date à laquelle les prochaines élections ont été reportées, est à l’origine de violences depuis mardi 19 décembre, jour de la fin officielle de son mandat.