Vous travaillez à temps partiel dans une boutique de vêtements et êtes dans le même temps salarié un jour par semaine d’une association ? Pour l’instant, avoir plusieurs employeurs empêchait d’obtenir, en fin de carrière, une « retraite progressive ». Dommage, car ce dispositif, méconnu et peu utilisé, n’est pas sans intérêt. Il permet de diminuer son temps de travail tout en touchant une fraction de ses pensions de retraite, de base comme complémentaires.

Cette restriction va toutefois bientôt disparaître. Le budget 2017 de la Sécurité sociale, adopté par le Parlement le 5 décembre, étend en effet la retraite progressive « aux salariés exerçant plusieurs activités à temps partiel ». La mesure, dont les modalités seront précisées par décret, doit entrer en vigueur « au plus tard le 1er janvier 2018 », dit la loi.

Ce dispositif ouvre la voie à une transition plus douce entre vie professionnelle et retraite. Il offre la possibilité, unique en son genre, de toucher des fractions de pensions tout en continuant à accumuler des droits à la retraite - les pensions finales sont recalculées lors du départ total.

A partir de 60 ans

Idéal si vous avez envie de lever le pied en fin de carrière mais que vous n’avez pas encore atteint le nombre de trimestres requis pour bénéficier du taux plein, c’est-à-dire d’une pension de base sans décote (ce nombre varie selon les générations). Encore faut-il, bien sûr, que votre employeur vous accorde le temps partiel.

Rappelons que la retraite progressive est accessible dès 60 ans. Pour l’obtenir, il faut réunir au moins 150 trimestres tous régimes confondus. Et travailler au minimum à 40 %, au maximum à 80 % de la durée légale ou conventionnelle du travail de son entreprise ou de sa profession. Ce dispositif existe aussi, sous des modalités quelque peu différentes, chez les artisans et commerçants, ainsi que chez les exploitants et salariés agricoles.

Pour les salariés, la part de pensions versée dépend du temps du travail. Exemple : vous travaillez à 65 %, vous touchez 35 % de vos pensions (100 %-65 %). « S’il faut attendre la publication du décret d’application pour connaître les modalités exactes, le dispositif fonctionnera a priori de la même façon pour les multi-employés souhaitant lever le pied », commente Marc Darnault, associé chez Optimaretraite.

« La réparation d’une anomalie »

Notez que certains multi-salariés pourront avoir d’emblée accès à la retraite progressive, sans même avoir à demander de réduction de temps de travail à un de leurs employeurs. Vous êtes concerné si, en cumulant vos emplois, votre durée de travail est déjà comprise entre 40 % et 80 %. A condition de remplir les autres critères (60 ans, 150 trimestres). « Il serait dans ce cas dommage de s’en priver car sans rien perdre en salaire vous toucherez en plus une fraction de vos pensions », souligne Marc Darnault.

Cette extension à ceux qui cumulent plusieurs emplois n’est toutefois à ses yeux que la « réparation d’une anomalie ». « Une mise à jour », en quelque sorte.

Les cadres toujours en partie exclus

Objectif affiché par le gouvernement : « assurer une équité entre ces salariés et les autres ». L’équité ne vaudra toutefois pas pour tout le monde. Car les salariés en « forfait jours », des cadres essentiellement, continueront de se voir interdire l’accès à la retraite progressive.

Dans le cadre de l’examen du budget 2017 de la Sécurité sociale, les députés ont certes pensé à eux. Un amendement sommant le gouvernement de remettre au Parlement, avant octobre 2017, un rapport sur les « conditions d’élargissement du dispositif aux salariés en forfait jours » a été adopté. Mais ce type de rapport se fait parfois attendre longtemps, très longtemps…

Quid de ceux qui cumulent une activité salariée à temps partiel et une activité relevant du Régime social des indépendants ? La rédaction de la loi laisse penser qu’ils ne seront pas touchés non plus par l’extension, mais il faut attendre le décret pour en avoir confirmation.