Documentaire sur France 5 à 20 h 50

Fitting Schiaparelli | © Martange

A l’heure où la fast fashion, réalisée dans des pays en voie de développement et dans de viles conditions, envahit les portants, la haute couture française reste une exception, qui repose sur un savoir-faire unique. Moins d’une quinzaine de maisons appartiennent à ce club très fermé. Sophie Jovillard nous ouvre les coulisses de quelques-unes d’entre elles, dont Chanel et Dior. La Fondation Pierre Bergé-Yves Saint Laurent (qui a arrêté l’activité couture en 2002) dévoile, elle, quelques trésors parmi les 5 000 vêtements qu’elle possède. On découvre une spectaculaire pièce entièrement brodée voulue par M. Saint Laurent, qui évoque la lumière traversant les lustres de ses salons. Dans des salles ultraprotégées et rarement ouvertes, Chanel montre pour sa part quelques tenues sur les 6 000 rassemblées ici.

Les griffes de la haute couture perpétuent les métiers de la main et font travailler des artisans qui utilisent des techniques vieilles parfois de plusieurs siècles. Ainsi, la maison Vermont continue de broder au crochet de Lunéville, tandis que Lesage, inventeur dans les années 1930 du point vermicelle au carré, en use toujours pour réaliser des broderies qui orneront des robes d’exception.

Passion et transmission

Le plumassier Lemarié réalise des « marqueteries » de plumes pour embellir les vêtements créés par Karl Lagerfeld chez Chanel. Cet artisan est capable de gaufrer un tissu afin de confectionner des fleurs comme les camélias, qu’appréciait particulièrement Gabrielle Chanel. Ces fleurs d’étoffe ont été assemblées sur une robe de mariée exceptionnelle. Le chausseur Massaro ou le plisseur Lognon développent de nouvelles techniques pour répondre aux exigences des créateurs, car la haute ­couture n’est pas un musée, mais un laboratoire.

Ce documentaire donne un coup de projecteur sur ces anonymes sans lesquels les tenues imaginées par les stylistes resteraient des croquis. Une petite main de l’atelier Dior explique ainsi toutes les précautions qu’elle doit prendre pour coudre puis repasser la manche d’une robe qui a été déjà brodée. « Ce sont des métiers que l’on exerce avec passion et qu’on veut transmettre, car on n’a pas envie de les perdre », souligne une des premières d’atelier chez Chanel. Ce film leur rend un hommage mérité.

Les Trésors de la haute couture, d’Anne Gauthier (Fr., 2016, 90 min).