90 % des dronistes sont des hommes

Mais où sont les femmes ? Souligner la forte masculinité de l’univers des drones tient de l’euphémisme. Les hommes, admet-on chez DJI, le numéro un mondial (70 % des drones de loisirs), représentent « quelque chose comme 90 % de la clientèle ». Conséquence logique, l’iconographie du drone s’organise le plus souvent de la figure tutélaire du jeune homme technophile ou du papa amateur de vidéo aérienne. Les tutoriels mis en ligne mettent généralement en scène des mâles s’adressant à des mâles. Dans l’esprit du public, il ne fait guère de doute qu’à Noël, le drone est un cadeau pour garçon, quel que soit son âge. Dans cet environnement très masculin – mais pas forcément macho, faut-il préciser – on remarque malgré tout l’apparition de femmes, comme la pilote allemande Juli Mûller, présente lors du Paris Drone Festival, en septembre. Et certaines manifestent leur présence sur le Net. Telle la californienne Sally French qui a créé le site The Drone Girl. Venue aux engins volants par le biais de la photographie, cette journaliste est devenue une spécialiste du secteur en même temps qu’une « ardente avocate de l’égalité homme-femme dans le domaine des drones », précise-t-elle.

Le Mavic de DJI vise notamment la clientèle des femmes. | DJI

Aéromodélistes et geeks

Le secteur demeure malgré tout très « genré », si l’on ose dire. Il est vrai que le drone s’inscrit à l’intersection de deux univers très masculins ; celui de l’aéromodélisme et celui des geeks. Or, ce déséquilibre risque, à terme, d’entraver l’avènement du drone comme objet de loisirs et de consommation grand public. Pour élargir le profil des acheteurs, il n’est plus question d’ignorer une moitié de la population. D’où la campagne marketing directement destinée aux femmes que vient de lancer DJI. « Il faut changer la perception que les femmes ont de ces produits. Qu’elles se disent qu’il n’existe aucune raison qu’elles ne puissent pas l’utiliser et réaliser des belles images. Il faut supprimer les barrières », assure Annika Kartstadt, responsable de la communication de DJI-Europe. Le constructeur chinois a donc engagé à la fin de 2016 une vaste opération de séduction dans les magazines féminins, ou à fort taux de lectrices, mis à contribution des sportives de haut niveau, noué des partenariats avec des marques ciblées et fait voler à l’occasion ses drones lors de certaines Fashion Weeks.

Le Disco, l’aile volante de Parrot peut être utilisée avec des lunttes permettant une vision « en immersion ». | PARROT

Cette offensive correspond aussi à une évolution des produits. En effet, il ne s’agit pas seulement de séduire les femmes. L’arrivée d’une clientèle féminine accélère la mutation vers des appareils à fort contenu technologique mais plus faciles à s’approprier. DJI compte donc sur son dernier modèle, le Mavic Pro, pour convaincre les femmes de prendre en main une radiocommande. Ce drone à l’allure plus « design », peu encombrant (on le replie pour l’emporter avec soi), se destine à des amateurs que rebutait jusqu’alors l’apparente complexité d’utilisation des quadricoptères disponibles. « Ce drone correspond bien à la clientèle des femmes ; en soi, faire voler un quadricoptère n’est pas ce qui les attire le plus. Elles sont d’abord intéressées par les photos, les vidéos qu’elles peuvent réaliser en le faisant voler », estime Viviana Laperchia, chargée de communication chez DJI. Bref, le fabricant considère que les femmes, qui assurent souvent le rôle de gardienne de la mémoire familiale, finiront par s’approprier ces engins volants, surtout s’ils deviennent plus simples à faire voler, pour en faire un objet familial aussi indispensable qu’un appareil photo ou une caméra vidéo.

Parrot Drones FPV - An Immersive Story (Official Video)
Durée : 01:05

Parrot paritaire

Chez Parrot, on confirme que l’enjeu de la « féminisation » du drone est bien réel. La marque française prend soin de ne pas renvoyer une image puremement masculine de ses produits. Ses messages promotionnels consacrés à sa gamme de minidrones « mettent toujours en scène des jeunes filles et jeunes garçons ». De même, la vidéo de Parrot diffusée dans les salles de cinéma et sur le Web ainsi que la campagne d’affichage destinée à l’aile volante Disco et au quadricoptère Bebop2 mettent en scène un couple qui part faire voler un drone en mode FPV (vision à la première personne) avec des lunettes de « vol en immersion ». L’un pilote et permet à l’autre de se transformer en passager virtuel avant d’échanger les rôles. Pratiquer le drone à deux grâce aux lunettes de vol en immersion. Voila qui n’est pas la plus mauvaise des idées pour donner envie aux femmes de s’intéresser aux drones.