C’était une promesse de François Hollande lors de sa campagne pour l’Elysée. Le 5 mars 2012, le candidat socialiste avait égrené ses propositions pour améliorer la condition étudiante. Parmi elles, l’engagement de construire « 40 000 nouveaux logements étudiants sur cinq ans ». Quatre années et huit mois après sa prise de fonctions, 26 840 nouvelles places auront été livrées, selon le décompte obtenu par Le Monde auprès du ministère de l’éducation nationale, soit 63 % de l’objectif initial, à seulement quatre mois de la fin du quinquennat.

« Conservatismes locaux »

« Il y a encore du chemin à parcourir », reconnaissait, en septembre, la ministre ­Najat Vallaud-Belkacem, lors de la conférence de rentrée universitaire. Pourtant, en juin 2015, le gouvernement assurait pouvoir tenir son objectif, le portant même à « 42 445 logements avant la fin du quinquennat ». A la même période, sûres de leurs projections, Najat Vallaud-Belkacem et Sylvia ­Pinel, alors ministre du logement, se « félicitaient » de « l’avancée très positive » du « plan 40 000 » : 25 % des constructions effectuées… alors qu’on était déjà à mi-mandat.

Si les résultats des bailleurs sociaux chargés du « plan 40 000 » sont difficiles à collecter, ceux des autres acteurs, les centres régionaux des œuvres universitaires et scolaires (Crous), sont en deçà des prévisions : ils prévoyaient début 2015 la réalisation de 4 642 logements dans l’année et de près de 5 000 de plus en 2016 ; dans les faits, environ 1 000 logements de moins ont été livrés en 2015 et la projection pour la fin 2016 a été, pour sa part, réduite de 1 800 unités. « Des projets ont été annulés », reconnaît-on au ministère.

Sont pointées les frilosités de quelques élus, peu enthousiastes à l’idée de créer du logement pour une population souvent désargentée, de passage et dont les bulletins de vote iront nourrir d’autres urnes.

Pour autant, ce dernier n’en démord pas : « Au total, 42 607 logements seront livrés. » Sauf que l’échéance est désormais fixée à la fin de l’année 2017, « voire 2018 », reconnaît Marc Prévot, délégué interministériel « plan 40 000 ». Alors que le chiffre de production de logements sociaux étudiants a tourné entre 5 000 et 9 000 unités par an durant le quinquennat, l’exécutif veut croire qu’il explosera lors des dix-huit prochains mois, pour atteindre 15 767 places… Un record jamais atteint, indispensable cependant pour arriver à l’objectif annoncé.

Cet objectif est-il réalisable ? En province, la construction de logements sociaux étudiants ne se déroule pas aussi rapidement que prévu par le plan. Au ministère, on reconnaît devoir faire face à des « conservatismes locaux ». Sont pointées les frilosités de quelques élus, peu enthousiastes à l’idée de créer du logement pour une population souvent désargentée, de passage et dont les bulletins de vote iront nourrir d’autres urnes. Mais le gouvernement reste certain de ses prévisions : « Les financements sont trouvés, les permis de construire délivrés et les travaux commencés », ­assure-t-on au ministère.

Bilan supérieur aux deux quinquennats précédents

Comment la situation avait-elle évolué lors des présidences précédentes ? Lancés durant les quinquennats de Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy, les plans Anciaux 1 et 2 (2004 et 2012) n’ont jamais été menés à leur terme.

Selon Najat Vallaud-Belkacem, le volontarisme du gouvernement a marqué une « rupture » en matière de construction de logement social étudiant : « Nous avons bâti deux fois plus que durant la période 2004-2012 », affirme-t-elle, non sans exagération. Si les 26 840 places promises pour la fin 2016 se concrétisent bel et bien, la gauche n’aura pas bâti deux fois plus que les exécutifs précédents, le premier plan Anciaux ayant abouti à 26 400 logements. Néanmoins le bilan de ce quinquennat serait supérieur aux deux précédents.

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