Les objets connectés attirent désormais l’attention de la police. Dans le sud des Etats-Unis, l’enceinte Echo d’Amazon a peut-être été le témoin d’un meurtre. Afin de vérifier cette hypothèse, le parquet a obtenu un mandat de perquisition demandant au groupe de lui livrer toutes les données pertinentes par rapport à ce crime, selon un communiqué du procureur du comté de Benton, Nathan Smith.

Elles pourraient éclaircir le meurtre de Victor Collins, 47 ans, retrouvé noyé dans le spa de la propriété de son collègue James Bates, à Bentonville (Arkansas), en novembre 2015, ont avancé, mercredi 28 décembre, les avocats des deux parties. Après l’enquête, les policiers avaient conclu à un homicide, relevant des traces évidentes de lutte. M. Bates a alors été inculpé pour meurtre au 1er degré. Plaidant non-coupable, il sera jugé en 2017.

Au cours de l’enquête, les policiers ont remarqué que la maison de M. Bates était une « smart home » (maison intelligente), disposant notamment de l’enceinte connectée Echo d’Amazon. Equipée de sept microphones, elle abrite l’assistant à commande vocale « Alexa », capable de répondre à des questions ou de coordonner le contrôle des objets connectés dans la maison. A l’instar de « Siri » d’Apple, il faut prononcer un mot d’activation – le plus souvent « Alexa » – pour que les conversations soient enregistrées ; avant d’être stockées sur un « cloud » d’Amazon.

Selon le Washington Post, la police soupçonne l’Echo d’avoir enregistré en permanence les événements de la nuit du crime, sans que le mot « Alexa » n’ait été prononcé. Expliquant que c’est impossible, Amazon avait alors rejeté les requêtes de la police, précisant qu’il ne communiquerait d’informations sur ses clients que si un mandat était émis. C’est chose faite.

Quid de la protection de la vie privée

Jusqu’à présent, le géant américain de la distribution n’a fourni que des données du compte de M. Ben, a déclaré Kimberly Weber, l’avocate de l’accusé. « Nous applaudissons les efforts d’Amazon pour protéger la vie de notre client », a-t-elle souligné.

Ce cas soulève des questions concernant la vie privée et la technologie à une époque où de plus en plus d’appareils enregistrent les données des utilisateurs, ainsi que leurs mouvements et leurs actions.

Au début de l’année, l’Américain Apple s’était retrouvé au centre d’un bras de fer avec la justice américaine, en refusant d’aider la police à contourner les mesures de sécurité pour accéder au contenu crypté d’un iPhone appartenant à l’un des auteurs de l’attentat de San Bernardino en Californie (14 morts le 2 décembre 2015). La demande faite à Amazon semble être la première dans le cadre d’un crime.