Un an après les agressions sexuelles dont furent victimes plus de 1 200 femmes à Cologne, Hambourg et dans quelques autres villes du pays, et douze jours après l’attentat contre un marché de Noël de Berlin qui a fait 12 morts et une cinquantaine de blessés, des dispositions sans précédent ont été prises, en Allemagne, pour assurer la sécurité lors de la nuit de la Saint-Sylvestre.

« Je peux affirmer que les responsables sur le terrain ont pris cette année les dispositions nécessaires pour que la situation de l’an dernier ne se reproduise pas », a assuré le ministre de l’intérieur, Thomas de Maizière (CDU), vendredi 30 décembre.

C’est tout particulièrement le cas à Cologne. Dans la quatrième ville du pays, 1 500 policiers seront déployés, dix fois plus qu’il y a un an. Sur l’esplanade devant la gare, principal théâtre des agressions du 31 décembre 2015, mais aussi dans le reste du centre-ville, des lampadaires supplémentaires ont été installés afin de réduire au maximum l’obscurité. Près de la gare, la vidéosurveillance a été étendue et la situation à cet endroit-là sera suivie en direct au quartier général de la police. Autour de la cathédrale, les tirs de pétards seront interdits. Ailleurs dans la ville, plusieurs rues seront interdites à la circulation, et des blocs de béton ont été installés à différents endroits afin de prévenir l’irruption d’un camion comme celui qui a frappé le marché de Noël de Berlin.

Procès en incompétence

Dans la capitale, l’accès à la porte de Brandebourg, où plusieurs dizaines de milliers de personnes ont l’habitude de fêter le passage à la nouvelle année, sera filtré. Sur la longue avenue du 17 juin, qui relie la porte à la colonne de la victoire, les sacs à dos, les grands sacs, les pétards, les bouteilles en verre et les objets contondants seront interdits. Rien qu’autour de cette zone, 1 700 policiers seront mobilisés. Les autorités se veulent confiantes. « Je ne suis absolument pas nerveux, assure Klaus Kandt, le chef de la police berlinoise. Nous sommes parfaitement préparés, c’est la même chose chaque année. Même si nous avons bien sûr pris des dispositions pour éviter un attentat. »

En Allemagne, l’enjeu de ce 31 décembre n’est pas seulement sécuritaire ; il est également politique. Depuis Cologne, et plus encore depuis Berlin et les révélations sur les failles des services de sécurité qui étaient parfaitement au courant des intentions terroristes de l’auteur de l’attentat, Anis Amri, les autorités doivent à tout prix empêcher que l’événement alimente un peu plus le procès en incompétence dont elles sont l’objet ces temps-ci. A neuf mois des élections législatives de septembre 2017, lors desquelles elle briguera un quatrième mandat de chancelière, Angela Merkel sait également que l’extrême droite, qui depuis des mois l’accuse d’avoir mis l’Allemagne en danger en raison de sa politique migratoire, lui demandera des comptes en cas d’incident majeur. Et ce d’autant plus qu’elle affirme désormais que la sécurité est la première de ses priorités. « Pour moi et pour l’ensemble du gouvernement, c’est le devoir le plus important de l’Etat que de protéger les citoyens », a-t-elle ainsi assuré, vendredi 23 décembre, lors d’une brève déclaration à la presse depuis la chancellerie, quatre jours après l’attentat de Berlin.