Le top 10 jeux vidéo dont vous êtes le héros (allégorie). | Jonathan Blow

Mieux que le reportage sur la revente de cadeaux, mieux que la nécrologie des douze derniers mois, voici le marronnier que chaque lecteur attend avec fébrilité pour cette fin d’année : la sélection hautement polémique du GOTY, le jeu vidéo de l’année (« Game Of The Year » en anglais).

En 2015, le n° 2 du classement de Pixels avait fait l’unanimité. Dans sa mission d’information au service des lecteurs, nous vous proposons cette année un classement interactif, le top 10 dont vous êtes le héros. Si vous êtes prêts, allez en 1. Sinon, restez là, buvez un thé, mettez-vous à l’aise, faites des mots croisés, ce que vous voulez. On est bien, on vous attend.

1. Bienvenue. Si vous voulez connaître le 10e meilleur jeu de l’année, allez en 2. Si vous voulez juste connaître le numéro 1 et que vous n’avez pas le temps pour ce genre de petit jeu, allez en 3.

2. N° 10. Clash Royale. Même s’il encourage ses joueurs à sortir le porte-monnaie une fois rendu à haut niveau, Clash Royale est un jeu de cartes prenant, équilibré, bien pensé, sorte d’équivalent ultra-accessible d’un League of Legends. Il est surtout le premier à avoir réconcilié smartphones et compétitions électroniques, dessinant un futur possible pour le jeu vidéo mobile. Pour aller au 9e de ce top, passez au point 4. Si vous n’êtes pas d’accord avec le n° 10, allez au point 5.

3. N° 1. Uncharted 4. La superproduction de Sony a mis tout le monde d’accord à sa sortie au printemps : une qualité visuelle époustouflante, un parti pris cinématographique, des personnages attachants, des scènes d’escalade vertigineuses, des décors à couper le souffle et un rythme qui ne faiblit jamais. C’est le blockbuster ultime d’une année où ceux-ci ont beaucoup souffert. Si vous êtes d’accord, faites le poirier. Sinon, revenez au 2.

Uncharted 4. | Sony

4. N° 9. Dishonored 2. C’est le jeu qui nous a donné envie de chanter La Marseillaise : l’équipe lyonnaise d’Arkane est définitivement un studio sur lequel il faut compter, capable des miracles esthétiques qu’on attribue aux Français comme de fulgurances ludiques qui évoquent la si expérimentale scène texane des années 1990, avec son mélange d’action, d’infiltration, et de pouvoirs magiques dont même les développeurs n’ont pas anticipé toutes les combinaisons. Pour passer au 8e, allez au point 7. Pour aller au 7e, allez au point 8. En passant par la case 6, prenez une aspirine.

5. N° 10 bis. Overwatch. Le vrai succès e-sport de l’année, avec ses matchs par équipe hauts en couleur et plein de rebondissements, qui ont animé les écrans durant toute une bonne partie de l’année. Le savoir-faire Blizzard (World of Warcraft, StarCraft 2), tout simplement. Si vous n’êtes toujours pas d’accord avec le 10e de ce top 10, vous pouvez nous envoyer votre propre top 10 via Twitter ou Facebook, ou en commentaire. Sinon, allez en 4.

6. ©

It’s dangerous to go alone, take this. | UPSA

7. N° 8. Firewatch. C’est un des clichés les plus tenaces de l’industrie : le jeu vidéo, pour être pris au sérieux, devrait ressembler à un film. Tant pis pour les tenants de cette thèse curieuse et réductrice : Firewatch ne ressemble à rien d’autre qu’à un jeu vidéo, et il nous prend pourtant aux tripes comme peu d’œuvres cinématographiques. Quel autre média mieux que le jeu vidéo pourrait nous permettre de nous glisser, le temps d’un été elliptique, dans la peau d’un garde forestier venu oublier son couple et un peu de lui-même ? Pour continuer, continuez. Pour aller dans une warpzone, allez au 9.

8. N° 7. Pokémon Go. Quelle audace ! Quel talent ! Glisser un jeu aussi méconnu dans une sélection aussi pointue et influente ! Quelle décision postmoderne ! Oui, bon, ça va, ça va… Phénomène extravidéoludique – il a été le n° 1 des recherches sur Google en 2016 toutes catégories confondues –, le jeu de Niantic a déclenché un phénomène de société tel qu’on n’en avait plus vu depuis la Wii en 2006. Et tout snobisme mis à part, il est véritablement innovant, avec son concept consistant à rechercher les petites créatures dans la vraie vie, GPS à l’appui. Pour la suite, allez au 11. Si vous vous êtes trompé de rubrique, revenez à la page d’accueil.

9. N° 4. Tecmo Bowl. Jusqu’à la commercialisation en novembre de la NES Mini Classic, miniconsole rétro comportant 30 titres de la première machine de Nintendo, ce jeu de football américain de 1987 était resté absolument inédit en Europe. Désormais disponible, au milieu d’un FIFA 17 aux chargements interminables ou d’un NBA 2K qui innove à petit pas, il offre une alternative radicale : deux boutons pour jouer, des séquences ultrarapides, un amusement immédiat. Pour notre vrai jeu sportif de l’année, allez au 12. Pour le 6, 5 et 4 de ce top, allez au 14 ; pour repeindre un mur, passez d’abord une sous-couche.

Tecmo Bowl | Tecmo

11. N° 6. Superhot VR. Depuis les premières versions des casques de réalité virtuelle, les joueurs sont abreuvés de simulation de montagnes russes, de jeux d’horreur qui provoquent deux ou trois sursauts mais assez peu d’émotion. Avec Superhot VR, l’Oculus Rift est passé instantanément du statut de gadget en voie de ringardisation à celui d’expérience ludique la plus excitante du moment. En nous plongeant dans une succession de saynète de fusillades au ralenti, entre Kill Bill, Matrix et un film de John McTiernan, Superhot VR confère au jeu vidéo une intensité jusqu’ici inédite. A essayer dès que l’occasion se présente.

12. ð. Quel est le sens de la vie ? Comment un être humain, lâché dans un monde qu’il ne comprend pas, dont il ignore à la fois les codes, les lois et la raison d’être, se l’approprie-t-il ? Où aller quand les parcours fléchés disparaissent ? L’intelligence seule, par à-coups, par tatônnements fragiles, est la seule à pouvoir tisser une toile de sens. Mysticisme religieux, jeu d’orientation, recherche scientifique : tous cherchent finalement la même chose, donner une raison d’être au monde qui nous entourre. Pour nous faire remarquer qu’il manque un 10, écrivez au 80, boulevard Auguste Blanqui, 75013 Paris.

13. N° 2. Doom. De vidéos mollassonnes en déclarations douteuses (du corps à corps ? Dans Doom ? Vraiment ?), Doom n’inspirait pas vraiment confiance. Surprise : Doom est de loin le jeu de tir le plus réjouissant, le plus rapide, le plus punk de l’année. Une véritable fête, où les tripes remplacent les cotillons et des hectolitres de sang le Champomy. Pour un résumé du top 10, allez au 17. Pour connaître le vrai numéro 1, allez au 15.

Doom. | Bethesda

14.N° 4. Forza Horizon 3. C’est le jeu de voiture qui est bien plus qu’un jeu de voiture : une ode au voyage, un roadmovie sans fin, une déclaration d’amour à la rêverie automobile autant qu’à la folie rougeoyante des paysages de l’outback australien. Un jeu capable de se faire tantôt promenade, tantôt courses épiques contre des véhicules de science-fiction. Le meilleur jeu de voiture de la décennie, tout simplement.

15. N°Φ. The Witness. Le nouveau jeu de Jonathan Blow est l’équivalent d’un The Legend of Zelda dont les clés de chaque donjon résideraient uniquement dans le cerveau du joueur. Un Disneyland cérébral, un parc d’attraction rempli de sudoku, une orgie d’énigmes entêtantes et captivantes, doublé d’une réflexion vertigineuse sur le rapport au monde et l’élaboration des théories scientifiques – en plus d’un défi entraînant. Bref, un très grand jeu, qui interroge directement notre propension à suivre des règles et à en inventer, autant par jeu que par désarroi dans un monde privé de sens. Pour en lire davantage sur The Witness, allez au symbole de la consonne fricative dentale voisée. Pour connaître le jeu qui n’a rien à faire dans ce top 10, mais qui a piégé ceux qui sont directement allés en bas de page, allez au 18.

The Witness. | Jonathan Blow

16. Résumé. 10. Overwatch. 9. Dishonored 2. 8. Firewatch. 7. Pokémon Go. 6. Superhot VR. 5. No Man’s Sky. 4. Forza Horizon 3. 3. Inside. 2. Doom.
Pour savoir comment No Man’s Sky et Inside ont atterri dans ce top, allez au 17. Pour découvrir le meilleur jeu de l’année, allez au 15. Pour découvrir le n° 87 de notre classement, allez au 18.

17. N° 5. No Man’s Sky ; N° 3. Inside. Dans la première demi-finale de repêchage, Inside était opposé à Furi. Entre l’aventure muette et angoissante et ce jeu de duels japonisants survolté, il y a match. D’une courte tête, pour son ambiance incroyablement entêtante et son final qui reste en tête, Inside l’a emporté. Dans la seconde demi-finale, le jeu spatial No Man’s Sky a écarté le poétique The Last Guardian. Non qu’il soit meilleur (il ne l’est pas) mais parce qu’aucun jeu n’a autant vendu du rêve cette année – ce qui est finalement ce qu’on leur demande, non ? En finale de rattrapage, Inside s’impose toutefois, pour sa qualité d’exécution générale et son brio d’ensemble. Médaille de bronze. Furi et The Last Guardian finissent 11e et 12e. Si vous n’êtes pas d’accord, boudez.

Inside. | Playdead

18. Star Fox Zero. Il cumule à lui seul toutes les tares de la Wii U, une réalisation technique datée, un système de jeu à deux écrans encombrant et alambiqué, et pire que tout, l’impression de ne jamais réussir à surprendre ou innover. Dommage, car par séquences, ces aventures intergalactiques à fourrure sont le plus proche équivalent de Star Wars cette année sur consoles, et il se dégage de ce titre obsolète une étrange et savoureuse mélancolie des années 1990.

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Parce que sinon, le lait risque de tourner, et ce sera moins bon. | Nintendo