Bernard Cazeneuve, lors de la passation de pouvoirs à Paris, mardi 6 décembre. | Jean-Claude Coutausse / french-politics pour Le Monde

Bernard Cazeneuve annonce qu’il ne se prononcera pas en faveur d’un candidat lors de la primaire organisée par le PS, sa fonction de premier ministre l’obligeant à la « réserve », dans un entretien au Journal du Dimanche, à paraître samedi 31 décembre.

Ce proche de Manuel Valls, à qui il a succédé à Matignon début décembre, souligne qu’il « doit consacrer toute [son] énergie au gouvernement du pays et ne pas [se] laisser distraire ».

« Je suis chef de la majorité et garant de son unité par-delà les primaires. Cela m’oblige à une certaine réserve », ajoute le chef du gouvernement qui, relancé sur cette position difficile à tenir, assure qu’il « tient toujours bon ».

« La meilleure manière d’aider la gauche et notre candidat est que le gouvernement gouverne et réussisse. Chaque ministre doit donc se consacrer pleinement à sa tâche », explique-t-il en se disant persuadé que le vainqueur de la primaire de la gauche, quel qu’il soit, devra « valoriser le bilan » du quinquennat de François Hollande.

Il fustige les « initiatives personnelles » de candidats, sans les citer

« Il me paraît tout à fait illusoire de prétendre gagner l’élection présidentielle en menant une campagne qui dénigrerait le bilan du quinquennat », insiste M. Cazeneuve en lançant à la gauche : « Nous devons être offensifs » car « le bilan du quinquennat est bon » et « il est temps d’être fiers de notre action ».

Sans citer Emmanuel Macron ni Jean-Luc Mélenchon, il met en garde contre les « initiatives personnelles », soulignant que « l’Histoire jugera très durement ceux qui, par obsession de leur destin ou de leur ego, ne l’auront pas compris ».

Tout en se défendant de « taper » sur quiconque, le Premier ministre entend « exprimer » ses « convictions », « sans agressivité ». Et s’il « respecte » François Fillon, il juge que le projet de ce « conservateur » est « dangereux ».

« François Fillon est le candidat d’une droite pour laquelle réforme veut dire recul” et “modernisation du pays signifie destruction de notre modèle social”. »

Quant à Marine Le Pen, « chacune de ses propositions est une impasse dissimulée derrière un mensonge ». « La vision de la France portée par Marine Le Pen tourne le dos au message que le monde a appris à aimer de notre pays. Face à cette menace, j’appelle les Français à croire en eux-mêmes et à ne pas s’engager dans une aventure funeste », plaide Bernard Cazeneuve.