Des policiers devant la gare de Cologne, le 31 décembre 2016. | PATRIK STOLLARZ/AFP

Tout faire pour ne pas revivre le même cauchemar. Mises en cause pour n’avoir pu empêcher les agressions sexuelles dont quelque 650 femmes furent victimes au cœur de la ville lors de la nuit de la Saint-Sylvestre, entre le 31 décembre 2015 et le 1er janvier 2016, les autorités de Cologne savaient qu’elles n’avaient pas le droit à l’erreur. D’où le dispositif de sécurité sans précédent déployé samedi 31 décembre 2016 : 1 500 policiers mobilisés (dix fois plus qu’un an plus tôt), l’installation de lampadaires supplémentaires pour limiter l’obscurité, la multiplication des fouilles, le renforcement de la vidéosurveillance…

Ces efforts semblent avoir été payants. Selon les informations communiquées par la police, dimanche 1er janvier, 190 personnes ont été interdites d’accès aux zones faisant l’objet d’un filtrage systématique, 92 ont été placées en garde à vue, tandis que 10 plaintes pour agressions sexuelles ont été déposées. Aucun viol, en revanche, n’a été signalé.

« Stigmatisation »

Plus que ces chiffres, cependant, c’est un Tweet qui a retenu l’attention. Un Tweet publié samedi, à 23 h 08, par la police de Cologne, et qui disait ceci : « De nombreux Maghrébins ont été contrôlés à la gare centrale. Informations à suivre. »

Sur les réseaux sociaux, les condamnations ont été nombreuses. Plusieurs responsables politiques de gauche et écologistes ont également exprimé leur indignation. A l’instar de Christopher Lauer, du Parti social-démocrate (SPD), pour qui « le fait de cibler ainsi plusieurs centaines de personnes revient à stigmatiser une certaine catégorie de la population selon son apparence ».

Dimanche soir, Jürgen Mathies, le chef de la police de Cologne, s’est défendu de toute « stigmatisation selon des critères raciaux », tout en reconnaissant que le terme « maghrébin » n’aurait pas dû être utilisé dans le Tweet. Selon lui, cependant, le fait que les auteurs des agressions sexuelles de l’an dernier aient été principalement des Nord-Africains justifie le fait que la police ait été particulièrement vigilante à leur égard cette année. « Je rejette ces critiques. L’enjeu, c’était de faire en sorte que les événements de l’an dernier ne se reproduisent pas », a déclaré M. Mathies.

Il y a un an, les autorités avaient été accusées d’avoir tardé à dire que les auteurs des agressions sexuelles de Cologne étaient en majorité des Maghrébins. Cette année, elles se voient reprocher de les avoir préventivement suspectés. Sans doute faut-il y voir une parabole de ce qui s’est passé en Allemagne au cours des douze derniers mois. Et une confirmation de ce que l’hebdomadaire Der Spiegel entrevoyait dans son édition du 9 janvier 2016, en écrivant : « Cologne, c’est le début de la fin du politiquement correct. »