Chaque année, les élèves de première année de Centrale Paris doivent relever le « défi du lâcher d’œuf ». | Ecole centrale de Paris

Parmi les « taupins » – comme on appelle les étudiants des classes prépa aux écoles d’ingénieurs –, ceux qui intègrent Centrale Paris ont, notamment, acquis un bon niveau en mathématiques et en physique, ainsi qu’une méthode de travail ­conceptuelle. « Ils sont entraînés à recevoir un énoncé et à foncer tête baissée pour résoudre un problème en appliquant ce qu’ils ont ­appris, constate Serge Delle Vedove, qui a ­rejoint l’équipe pédagogique de l’école après une carrière dans l’industrie et le ­conseil. Il leur faut désormais se confronter à des situations réelles et complexes pour en comprendre les enjeux implicites et parvenir à produire les résultats attendus. »

« Une véritable révélation »

Ainsi est née, en 2007, l’idée de créer des « ateliers de développement professionnel et de leadership ». Dès le début de leur scolarité, voilà donc les ex- « taupins » aux prises avec un « egg drop challenge », un « défi du lâcher d’œuf ». Il leur faut concevoir et réaliser, avec des moyens limités, un dispositif capable de larguer, de dix mètres de hauteur, un œuf vers une cible, sans qu’il se casse:

« Pour être ludique, l’exercice est également très ­représentatif du métier d’ingénieur, à qui l’on demande de concevoir un produit en équipe et à un coût donné. Pour beaucoup de nos ­élèves, c’est une véritable révélation ! », s’amuse Serge Delle Vedove de l’équipe pédagogique.

Afin de comprendre concrètement le rôle d’un ingénieur, les étudiants doivent ­ensuite contacter des professionnels en poste et leur poser des questions. Or, « la plupart sont encore trop dans un registre scolaire et il n’est pas évident pour eux d’écrire un mail ou de décrocher leur téléphone pour ­obtenir un rendez-vous, par exemple », ­observe l’enseignant. D’où un atelier consacré à vaincre ces réticences et à préparer l’entretien. D’autres visent à « les mettre en ­situation pour leur faire comprendre les bénéfices et les ressorts du travail en équipe, de la communication ou de la négociation ».

S’attaquer à des projets réels

Durant leur formation, les centraliens s’attaquent aussi à des projets réels d’entreprises auxquelles ils doivent rendre des comptes. Peu habitués à s’exprimer en public, ils doivent alors convaincre un comité de direction. « Il s’agit d’apprendre à structurer leur propos, exposer les difficultés rencontrées, tout en rassurant le client sur le fait que le projet avance et que la solution trouvée est pertinente », explique Serge Delle Vedove. Autant de compétences indispensables dans le monde professionnel qui « ne s’acquièrent pas à travers un cours théorique, mais en s’entraînant », insiste-t-il.