Recueillement devant la discothèque Reina mardi 3 janvier à Istanbul. | BULENT KILIC / AFP

Le profil de l’auteur présumé de l’attentat contre une discothèque huppée d’Istanbul, toujours activement recherché par les forces de l’ordre, commençait à se préciser, mardi 3 janvier. Alors que les autorités turques ont diffusé plusieurs photos du suspect, l’agence de presse Dogan a mis en ligne une vidéo dans laquelle il se filme alors qu’il déambule, sourire en coin, sur l’emblématique place Taksim.

Evoquant une « enquête difficile », le gouvernement turc a annoncé lundi que des « données relatives aux empreintes digitales et à l’apparence » du tueur avaient été obtenues, sans donner davantage de détails.

« L’expérience du combat »

Selon le quotidien turc Hürriyet, les enquêteurs estiment que l’auteur de l’attentat, qui a tué 39 personnes dans la nuit du 31 décembre au 1er janvier, est originaire d’un pays d’Asie centrale. L’homme aurait combattu pour l’Etat islamique (EI) en Syrie. L’organisation djihadiste a revendiqué l’attentat contre le Reina.

« L’agresseur avait l’expérience du combat, c’est certain. Il se pourrait qu’il ait combattu en Syrie pendant plusieurs années », ont expliqué des sources au sein des services de sécurité. L’auteur de la fusillade a abattu un policier et un civil à l’entrée du club, avant d’y ouvrir le feu à l’arme automatique. Il a rechargé son arme une demi-douzaine de fois et achevé des blessés qui gisaient au sol. Il aurait aussi utilisé des chargeurs doubles, pour optimiser le temps de rechargement, et des grenades aveuglantes pour désorienter ses cibles.

Plusieurs médias ont également rapporté mardi que le tueur présumé s’était installé en novembre à Konya, dans le sud de la Turquie, avec son épouse et leurs deux enfants, afin de ne pas éveiller les soupçons. Selon Dogan, l’épouse pourrait faire partie des personnes en garde à vue. Les enquêteurs estiment par ailleurs que l’assaillant serait lié à une cellule ayant commis un triple attentat-suicide à l’aéroport Atatürk d’Istanbul qui avait fait 47 morts en juin, imputé à l’EI par les autorités, selon Hürriyet.

14 interpellations

Dans le cadre de l’enquête, deux étrangers ont été arrêtés mardi à l’aéroport international Atatürk d’Istanbul, selon Dogan. Ces nouvelles interpellations portent à seize le nombre de personnes en garde à vue. Les deux personnes, dont la nationalité n’a pas été précisée, ont été interpellées à l’entrée du terminal des départs internationaux.

L’attentat du Nouvel An survient alors que l’armée turque tente, au prix de lourdes pertes, de reprendre la ville d’Al-Bab, un bastion de l’EI dans le nord de la Syrie où Ankara mène une offensive contre les djihadistes, mais aussi les milices kurdes. Il marque un début 2017 sanglant pour la Turquie, déjà secouée en 2016 par une tentative de coup d’Etat et une vague d’attentats meurtriers liée aux djihadistes ou à la rébellion kurde.

Attentat d’Istanbul : « On est passé à une logique de guerre totale entre l’EI et la Turquie »
Durée : 03:19
Images : Mouna El Mokhtari