Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, en octobre. | FRANCOIS NASCIMBENI / AFP

Un coup à droite, un coup à gauche. Pour sa conférence de presse de « rentrée », mercredi 4 janvier, Philippe Martinez a fait la leçon aux futurs candidats à l’élection présidentielle, à droite et à gauche. Discret ces dernières semaines, le secrétaire général de la CGT a reproché aux aspirants à l’Elysée de se focaliser sur le « pseudo-coût du travail » et de ne pas traiter « les principales préoccupations des salariés », qu’il s’agisse de la lutte contre le chômage, « la défense du pouvoir d’achat » ou la politique industrielle. « On ne reconstruira pas une industrie sur les ruines de l’actuelle que l’on sacrifie », a-t-il lancé. « Beaucoup [de candidats] ont cette logique qu’il faudrait accroître l’aide aux entreprises pour développer l’emploi, a-t-il affirmé, qu’il faudrait travailler plus pour résorber le chômage. Valls a repris la formule de Sarkozy : ’’travailler plus pour gagner plus’’. Bref, on tourne en rond. »

M. Martinez a énuméré un long catalogue de mesures – « remettre en cause notre modèle social, détruire les services publics, réduire le nombre de fonctionnaires, supprimer des dotations en direction des collectivités territoriales, supprimer des subventions au milieu associatif, amputer les budgets dédiés aux activités sociales et culturelles, ne pas augmenter les salaires, augmenter la précarisation du salariat, maintenir le chômage à haut niveau et donc maintenir un haut niveau de précarité et de misère sociale » – qui semble « être le contenu des vœux aux Français d’une très grande majorité de candidats, potentiels ou déclarés ».

« La CGT, a-t-il martelé, refuse que les politiques successives menées depuis plusieurs années, voire plusieurs décennies, forcent les citoyens à choisir entre le pire ou le moins pire qui se traduit à chaque fois par de nouveaux reculs sociaux. » La centrale réclame toujours l’abrogation de la loi travail.

« Attaques scandaleuses »

Sur ce registre, M. Martinez, qui doit rencontrer le 20 janvier Gérard Larcher, président du comité politique de campagne de François Fillon, s’en est pris aux propositions du vainqueur de la primaire de la droite, « un programme de continuité avec ce que subissent les salariés depuis plusieurs décennies ».

Il a vivement dénoncé ses « attaques scandaleuses », « insupportables », contre les fonctionnaires. « On ne peut pas louer les mérites des fonctionnaires uniquement après les attentats qu’a subi le pays, puis le lendemain leur cracher dessus », a-t-il asséné, avant de poursuivre, toujours à l’attention de M. Fillon : « Le droit et l’accès aux soins ne sauraient être conditionnés à la capacité qu’aurait le citoyen de payer ou pas. Toucher à la Sécurité sociale, c’est toucher à notre modèle social. »

La CGT, qui avait soutenu François Hollande en 2012, ne devrait pas donner de consigne de vote, ce qui a donné lieu à une curieuse formule de M. Martinez : « On fera attention à ce qu’on dira au deuxième tour. On ne va pas renouveler l’idée de s’opposer à l’un, car c’est voter pour l’autre. »

La CGT entend faire barrage aux « idées nauséabondes » de l’extrême droite. Elle « continuera son combat, a déclaré M. Martinez, contre la propagation et la normalisation des idées du Front national » qui « ne sont basées ni plus ni moins sur l’exclusion, le rejet ou la stigmatisation de l’autre » et « sont aux antipodes de nos valeurs républicaines dont la laïcité et l’égalité sont les éléments fondateurs ». Sur ce sujet, le secrétaire général de la CGT s’est dit désireux de « travailler avec toutes les organisations syndicales, y compris avec la CFDT, si nous y arrivons ». Dans un second temps, il a retiré le « si »…