Sorti le 16 décembre sur PC et sur Xbox One, Astroneer, jeu inachevé mais en perpétuelle évolution, est bien parti pour être le phénomène des prochains mois.

Pixels a tenu un journal de bord des dix premières heures de jeu.

Première heure

Mon premier contact avec cette planète étrangère est rassurant. Naufragé à la surface de cet astre inconnu, j’émerge de ma capsule de survie pour découvrir un paysage pastel, aux reliefs de maquette en carton. Dans les airs paressent de vastes nuages cotonneux, pyramides de chantilly en suspension. Des planètes voisines se lèvent et se couchent rapidement à l’horizon, traversant la voûte céleste à la vitesse de comètes, trahissant l’exiguïté de ce système solaire miniature.

Pas de faune à l’horizon : juste des étendues d’herbes aux couleurs irréelles. Comme plantés là par un jardinier sous LSD, des arbres aux allures d’installations artistiques se balancent au gré du vent. Au loin, des gisements de minéraux affleurent à la surface. Coquillages violets, amas de billes et de bulles grises, cristaux de toutes les couleurs : il n’y a qu’à se baisser pour les ramasser. Reste à comprendre à quoi ils servent.

Mais aussi accueillante puisse-t-elle paraître, cette planète n’est pas faite pour l’homme. A mesure que je m’éloigne de ma capsule pour étudier ces gisements prometteurs, le câble qui me relie à ma capsule menace de se rompre, me forçant à passer sur la maigre réserve d’oxygène de ma combinaison. Mais pour espérer progresser, pas le choix : il faut que je m’éloigne, en quasi-apnée, de ce cocon protecteur.

Faute de but véritable, « Astroneer » encourage surtout les joueurs à explorer. | System Era Softworks

Deuxième heure

Cette première expédition n’aura duré que quelques dizaines de secondes, le temps de vider ma réserve d’oxygène, et de revenir en courant me connecter au système. Quelques dizaines de secondes, mais le temps tout de même de me servir de l’étrange engin connecté à ma combinaison : une sorte d’aspirateur, ou d’extracteur, capable de creuser des trous dans le sol et d’en collecter les ressources.

J’en suis revenu avec le sac chargé de matériaux exotiques : résine, composite, organique… Je m’en suis rapidement rendu compte : la résine est celle qui me sera au départ la plus précieuse. En la connectant à ma capsule de sauvetage, je peux en effet poser les bases d’une plate-forme, avant d’y installer divers modules. Mais dans l’immédiat, c’est le composite qui me sera le plus utile : avec lui, je peux bricoler des relais, des piquets à planter dans le sol comme autant de rallonge me reliant à ma capsule et à son précieux oxygène. Je vais pouvoir m’aventurer plus loin.

Troisième heure

Le rôle des matériaux me paraît plus clair. Grâce à eux je peux développer ma base, à l’image du module de recherche ou de l’imprimante 3D. Reste à les alimenter en énergie. Bien sûr, je peux y injecter directement l’énergie fossile trouvée dans le sol, mais je préfère avoir recours à des éoliennes et autres panneaux solaires. Nous sommes au XXVe siècle, après tout.

Je commence à bien connaître ma zone d’atterrissage. D’un côté, elle est bordée par une montagne aux sommets enneigés, aux pieds troués par des grottes menaçantes. A l’opposé, une plaine loin d’être aussi désertique qu’elle ne m’était d’abord apparue. Outre sa flore inconnue, elle est parsemée de ruines de machines humaines, satellites morts tombés des cieux, bouteilles à la mer échouées là au gré des courants galactiques. J’ai récupéré quelques-uns de leurs composants pour les analyser et débloquer de nouveaux plans pour mon imprimante 3D.

Menaçants et plein de secrets, les souterrains regorgent d’artefacts à analyser. | System Era Softworks

Cinquième heure

Je me suis finalement aventuré dans la grotte à flanc de montagne. C’est en fait le point de départ d’un dédale qui semble courir jusqu’au cœur de la planète. Heureusement, derrière moi, autant fil d’Ariane que fragile cordon ombilical, mes rallonges continuent de m’alimenter en oxygène et m’assurent de retrouver mon chemin.

M’attendaient sous terre des matériaux rares, ainsi que des plantes étonamment agressives, capables de projeter des spores ou des piques. J’y ai surtout trouvé de nouveaux artefacts à analyser, promesses de technologies et de types de modules nouveaux.

Au sortir de cette caverne sans fond, la beauté de cette planète extraterrestre m’a davantage encore sauté aux yeux. Car si sa relative petite taille se devine à la simple courbure de l’horizon, ses montagnes, canyons, plaines et grottes semblent me réserver une quasi-infinité de découvertes intrigantes et inattendues. Mais pas question de flâner : au loin, un ouragan approchait en soufflant. Fascinant, beau à tomber, mais dangereux à mourir aussi. Tandis qu’autour de moi des roches se sont mises à voler en tous sens, j’ai filé me mettre à l’abri.

Septième heure

Marre des allers-retours à répétition, imposés par mon sac bien pratique mais trop petit : il est temps pour moi de construire mon premier véhicule. Grâce au module idoine, j’ai fabriqué une carrosserie de camion, y ai installé un siège, un panneau solaire et quatre espaces de stockage pour transporter une trentaine de piles de matériaux. Il me reste encore la place pour installer, à l’avant, une encombrante foreuse pour creuser mes propres tunnels.

Il n’est pas rare, au détour d’une expédition, de tomber sur un paysage atypique. | System Era Softworks

Pourtant, c’est au volant d’un véhicule plus petit, rover à peine chargé, que je passe l’essentiel de mon temps. Je prends plaisir à parcourir au hasard les vallées de cette planète vide de vie mais pleine de surprises, engloutissant les kilomètres, donnant au hasard de grands coups de volant, grisé par la liberté et le parfum d’inconnu. Trop éloigné de ma base pour en capter le signal, j’ai mis une demi-heure à en retrouver la piste. Une demi-heure de flottement délicieux, où, plutôt qu’un sentiment d’angoisse, c’est un vertige enivrant qui m’a pris, la peur de ne jamais retrouver ma route le partageant à l’excitation de cartographier, le premier, une terra incognita.

Dixième heure

Le soleil se reflète sur les panneaux solaires de la petite navette qui trône fièrement au milieu d’une base désormais pleinement fonctionnelle. Quelques artefacts analysés, un peu d’aluminium raffiné et pas mal de composites m’auront suffi à bricoler ce frêle esquif. Faute d’avoir découvert la technologie pour fabriquer un vaisseau plus grand, j’ai juste la place d’y attacher un siège et un espace de stockage.

J’emporte avec moi quelques-uns des matériaux de base qui me seront indispensables pour établir une colonie sur la lune. Voire, si mes réacteurs me le permettent, sur une des autres planètes, arides, exotiques, glacées ou irradiées, du système solaire. Une fois le réservoir plein d’hydrazine, je pourrai décoller.

On m’a dit que de là-haut, on prenait conscience de n’être qu’une puce microscopique, sautant de billes en billes. Des billes peut-être, mais des billes gorgées de secrets, qu’il me tarde de découvrir.

Sauter dans « Astroneer » d’une planète à l’autre donne le vertige. | System Era Softworks

Paré au décollage ?

A ce stade du développement, c’est à peu près là qu’Astroneer cesse d’être intéressant.

Si les différentes planètes ont toutes des géographies très différentes, elles ne proposent, à l’exception de leurs paysages et de la répartition de leurs ressources, pas grand-chose de neuf. Un défaut qui devrait cependant être corrigé dans les semaines, les mois, voire les années à venir.

Car si Astroneer est en effet disponible sur PC (via Steam) ou sur Xbox One depuis le 16 décembre, le jeu n’en est réalité qu’au stade de prototype. Les développeurs ont ainsi promis de nombreuses mises à jour gratuites, pour enrichir l’expérience et corriger les bugs (très présents en multijoueurs).

Méfiance : rien ne les oblige à tenir leur parole. Cependant, si le développement continue dans le bon sens, Astroneer a le potentiel pour devenir le grand jeu d’exploration spatiale que devait être No Man’s Sky. Mieux : il pourrait même devenir, cinq ans après Minecraft, le nouveau phénomène ludique global que personne n’avait vu venir.