François Hollande, lors des obsèques de François Chérèque, le 5 janvier. | ERIC FEFERBERG / AFP

Des applaudissements nourris et prolongés ont salué, jeudi 5 janvier, devant le parvis de l’église Saint-Sulpice à Paris, la sortie du cercueil de François Chérèque, suivie par celle de sa famille. L’ancien secrétaire général de la CFDT, décédé lundi 2 janvier à l’âge de 60 ans, sera inhumé à Mallemoisson, dans ces Alpes-de-Haute-Provence qu’il chérissait et où il avait été éducateur spécialisé auprès d’enfants autistes. « Décidément François, a lancé Laurent Berger, son successeur à la tête de la centrale, très ému, toi qui n’as jamais aimé les lundis matin, ce premier lundi de l’année tu nous l’auras fait détester. »

Pour cet hommage religieux, qui a pris la forme d’une bénédiction, célébrée par Mgr Jérome Beau, évêque auxiliaire de Paris, et le père Jean-Loup Lacroix, plus de 2 200 personnes emplissaient l’église Saint-Sulpice, de nombreux militants étant restés à l’extérieur. Le président de la République, François Hollande, dont la présence a été saluée par Mgr Beau, accompagné par Bernard Cazeneuve, le premier ministre, a pris place au premier rang. Il est d’abord allé embrasser la famille de l’ancien président de l’Agence du service civique : son père, Jacques Chérèque, 88 ans, très éprouvé, ancien ministre de Michel Rocard et ancien numéro deux de la CFDT, sa compagne Marinette, ses deux fils, Mathieu et Benoît, et ses quatre frères. Aux côtés de M. Berger se tenaient trois anciens secrétaires généraux de la CFDT : Nicole Notat (membre du conseil de surveillance du Monde), Jean Kaspar et Edmond Maire.

Empreinte d’émotion, la cérémonie a été sobre. La famille avait choisi un texte tiré de l’évangile de saint Matthieu (25, 31-46) : « Ce que vous ferez au plus petit d’entre les miens, c’est à moi que vous le ferez. » Avant l’homélie du père Lacroix, Mathieu Chérèque, maîtrisant son émotion, a rendu hommage à son père, « cet homme exceptionnel ». A droite, devant l’autel, avaient pris place plusieurs membres du gouvernement dont Jean-Marc Ayrault, Myriam El Khomri, Marisol Touraine et Najat Vallaud-Belkacem.

« Faire reculer l’injustice du monde »

Etaient également présents Manuel Valls, Laurent Fabius, président du Conseil constitutionnel, Patrick Bernasconi, président du Conseil économique, social et environnemental, François Bayrou, président du MoDem, Xavier Bertrand, président (LR) des Hauts-de-France.

Le monde syndical était aussi au rendez-vous avec Philippe Martinez et Bernard Thibault, pour la CGT, Pascal Pavageau, qui succédera à Jean-Claude Mailly en 2018 à la tête de FO, Jacques Voisin, ancien président de la CFTC. Laurence Parisot, ancienne présidente du Medef et l’actuel « M. Social » du patronat, Alexandre Saubot .

La cérémonie s’est conclue par un hommage de M. Berger à ce « type bien », ce « grand bonhomme » dont le « départ trop tôt, trop injuste, [nous] rend tous infiniment tristes ». « La justice sociale a été le fil rouge de sa vie d’homme et de militant, a-t-il affirmé. Pour François Chérèque, réformer ne consistait pas à s’adapter à l’injustice du monde, mais à se donner les moyens de la faire reculer. »

M. Berger a évoqué « l’épisode tumultueux » de 2003, quand M. Chérèque avait cautionné la réforme des retraites : « Depuis cette date, plus d’un million de travailleurs aux carrières longues ont pu bénéficier d’un départ à la retraite avant l’âge légal. » Une mesure due « à la ténacité et au courage de François Chérèque et de lui seul ». Un discours accueilli par des applaudissements.