Donald Trump, le 28 décembre, à Palm Beach en Floride. | DON EMMERT / AFP

Après General Motors et Ford, Donald Trump s’en prend désormais à Toyota. Le président américain élu menace de taxer le constructeur japonais s’il ne renonce pas à construire une nouvelle usine au Mexique. « Toyota Motor a dit qu’il allait construire une nouvelle usine à Baja, Mexique, pour fabriquer le modèle Corolla pour les Etats-Unis, a tweeté jeudi 5 janvier M. Trump Pas question ! Construisez des usines aux Etats-Unis ou bien payez d’importants droits de douane ».

Encouragé sans doute par sa stratégie de communication, qui, selon lui aurait poussé Ford à renoncer à investir au Mexique, le milliardaire récidive en tançant cette fois un constructeur étranger. Mardi 3 janvier, le jour où Ford annulait son projet d’usine mexicaine, M. Trump s’en était déjà pris à General Motors, lui aussi accusé de fabriquer de l’autre côté de la frontière pour ensuite importer ses voitures aux Etats-Unis sans droit de douane.

Aucun impact sur la production et l’emploi

Concernant Toyota, le côté impulsif du président élu lui a joué des tours. En effet le site de Baja, auquel il fait référence, existe déjà et date de 2002. En revanche, en novembre 2016, le groupe japonais a bien posé la première pierre d’une usine à Guanajuato, dans l’Etat du même nom.

Il s’agit d’un investissement de 1 milliard de dollars, qui doit permettre à Toyota de produire annuellement, à partir de 2019, 200 000 Corolla qui seront destinées aux marchés d’Amérique du nord. Il s’agit bien d’un projet de délocalisation, mais pas des Etats-Unis vers le Mexique, comme le sous-entend M. Trump.

En effet les Corolla dont il est question sont actuellement assemblées à l’usine de Cambridge (Ontario) au Canada, qui devrait donc faire les frais du transfert. Le groupe possède également un site dans Mississippi, qui produit également ce modèle, le plus vendu aux Etats-Unis. Mais le constructeur affirme que les cadences de production de l’usine américaine continueront à leur rythme actuel.

Le projet de Guanajuato ne devrait donc avoir aucun impact sur la production et l’emploi aux Etats-Unis, a répondu Toyota à M. Trump dans un communiqué, tout en s’engageant à travailler étroitement avec la nouvelle administration américaine. Quelques heures avant, le président du groupe japonais, Akio Toyoda avait déjà expliqué que les intérêts de Toyota sont alignés avec ceux du gouvernement américain. « Si vous regardez sur le long terme, nous allons dans la même direction », a-t-il déclaré alors qu’il présentait ses vœux à la presse.

Le Mexique a doublé sa part de marché

La filière automobile est particulièrement dans le collimateur de M. Trump, car il s’agit du secteur qui a le plus profité de l’instauration de l’accord de libre-échange nord-américain signé en 1994 entre les Etats-Unis, le Canada et le Mexique pour réorganiser sa production. Au moment de la signature, le Mexique fabriquait 1,1 million de véhicules. Aujourd’hui le chiffre s’élève à 3,4 millions.

Grâce à des salaires inférieurs de 80 % à ceux pratiqués aux Etats-Unis, le Mexique, en un peu plus de vingt ans, a ainsi pratiquement doublé sa part de marché dans la production nord-américaine. Désormais une voiture sur cinq de la zone est fabriquée au Mexique.

La progression n’est pas prête de ralentir. Le montant total des investissements d’ores et déjà annoncés par des constructeurs comme Toyota, BMW ou Kia frise les 16 milliards de dollars. Un chiffre dont il faut retrancher 1,6 milliard, le montant que Ford prévoyait de consacrer à sa nouvelle usine de San Luis Potosi, dans le centre du Mexique, un investissement auquel il a finalement renoncé mardi.

M. Trump a remercié par Tweet interposé le constructeur américain de sa décision. « C’est juste le début », a-t-il déclaré, affirmant que d’autres annonces allaient suivre. A qui s’adressera le prochain tweet inquisiteur ? Les paris sont ouverts.