A Londres, le 7 décembre. | DANIEL LEAL-OLIVAS / AFP

Qu’elles semblent loin les prédictions pessimistes réalisées avant le référendum du 23 juin sur la sortie de l’Union européenne, quand le gouverneur de la Banque d’Angleterre envisageait une possible « récession technique » et, en tout cas, un sérieux ralentissement. En 2016, l’économie britannique a été la plus dynamique de tous les pays du G7, avec une croissance attendue à 2,2 % en 2016.

Jeudi 5 janvier, Andrew Haldane, le chef économiste de la Banque d’Angleterre, a fait son autocritique. Un mea culpa, certes, partiel. M. Haldane estime que le ralentissement économique n’a été que reporté dans le temps : il devrait se produire en 2017. Mais venant d’un membre du comité de politique monétaire britannique, l’aveu est de taille.

« Nous avions prédit un ralentissement plus violent que ce qu’il s’est passé, de même que presque tous les grands instituts de prédiction », a-t-il témoigné lors d’une présentation devant le think tank Institute for Government (la vidéo en anglais ici, après 15’15).

Pourquoi cette erreur ? « Il ne faut pas chercher plus loin que les consommateurs et le marché immobilier. Si vous regardez leur performance l’an dernier, c’est comme si le référendum n’avait pas eu lieu. » En clair, les Britanniques ont continué à dépenser comme s’ils faisaient fi de cet événement politique majeur.

Avertissement

M. Haldane le reconnaît : c’est finalement assez logique. Le Brexit, s’il est voté, n’a pas encore eu lieu et n’a pas vraiment eu d’effet concret. « Pour les choses concrètes comme les salaires et l’emploi, il ne s’est pas passé grand-chose. Le pouvoir d’achat n’a pas été matériellement affecté. » Et contrairement aux prévisions, les consommateurs n’ont pas pris peur face à l’incertitude politique. Après tout, n’ont-ils pas majoritairement voté pour ce résultat ?

L’économiste en chef de la Banque d’Angleterre avertit cependant que la croissance robuste actuelle pourrait ne pas durer. « Les données ont pour l’instant surpris à la hausse. (…) Est-ce que ça a fondamentalement changé notre vision de l’économie britannique pour les années à venir ? Pas vraiment. C’est plutôt une question de timing”. » La Banque d’Angleterre table ainsi sur une croissance autour de 1,3 % cette année.

Après la dévaluation brutale de la livre sterling, les importations commencent mécaniquement à se renchérir, ce qui devrait provoquer une poussée d’inflation. Celle-ci, qui était de 0,6 % en juillet, devrait dépasser 3 % courant 2017. Cela va donc réduire le pouvoir d’achat des ménages et la consommation. A moins, reconnaît-il, que face aux prix en hausse, les Britanniques décident de continuer à dépenser, en réduisant leur taux d’épargne ou en empruntant plus.

Enfin, M. Haldane va plus loin et admet que les économistes font face à une crise similaire à celle des météorologues dans les années 1980. En 1987, le présentateur de télévision Michael Fish avait annoncé qu’aucun ouragan n’était prévu en Angleterre… quelques heures avant qu’une tempête ne s’abatte sur le sud du pays, faisant dix-neuf morts. « Cette prévision était très similaire à celle des banques centrales avant la crise économique de 2008-2009 », a-t-il souligné, avant d’ajouter dans une touche d’humour anglais : « Si un économiste vous dit qu’il est sûr de quelque chose, il est temps de s’inquiéter. »