Musique sur Mezzo à 20 h 30

Concert hommage à Pierre Boulez - Ensemble intercontemporain
Durée : 12:50

Un an après sa mort, le 5 janvier 2016, à l’âge de 90 ans, le compositeur et chef d’orchestre Pierre Boulez est une figure musicale qui demeure mythique, notamment pour son rôle dans l’avant-garde musicale du XXe siècle, mais qui semble déjà en voie d’être oubliée par le plus grand nombre.

C’est en tout cas ce que laissent accroire certains médias : ainsi le New York Times n’a-t-il pas inclus le nom du Français – qui avait pourtant été directeur musical de l’Orchestre philharmonique de New York – dans la liste des artistes disparus au cours de 2016, qu’elle devait publier le 26 décembre 2016. Le site Internet du quotidien nord-américain a, depuis, heureusement rectifié le tir.

Mais celui dont l’inscription sur la croix de bois qui orna un temps sa tombe, à Baden-Baden, a été modifiée par un anonyme (« Ici repose en Dieu » devenant « Ici repose un Dieu ») n’aura jamais eu tant d’aficionados autour du monde que les musiciens pop ­David Bowie, Prince et Leonard Cohen, également emportés en 2016 par la charrette surchargée de la Grande Faucheuse.

On se souviendra sûrement davantage de Boulez comme chef d’orchestre, polémiste et homme d’institution, tirant pas mal de ficelles en coulisses mais s’engageant sans relâche pour des causes qui lui tenaient à cœur et dépassaient sa personne. Ainsi se sera-t-il beaucoup battu pour que la grande salle de la Cité de la musique – qui porte aujourd’hui son nom – soit construite.

Picture taken on October 17, 2008 shows French conductor and composer Pierre Boulez conducting the SWR Symphony Orchestra during the opening concert of the Donaueschinger Musiktage music festival in Donaueschingen, southern Germany. French composer, conductor Pierre Boulez died at the age of 90 on January 5, 2016 in Baden-Baden, southern Germany. / AFP PHOTO / dpa / Rolf HAID / Germany OUT | ROLF HAID / AFP

C’est dans cette excellente acoustique que fut enregistré, trois semaines après la mort de Boulez, le concert hommage que diffuse la chaîne Mezzo. L’Ensemble intercontemporain, fondé et présidé par Boulez, est naturellement de la partie, mené par l’Allemand Matthias Pintscher, son actuel directeur musical.

Le programme, au cours duquel interviennent des élèves du Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris (CNSMDP), est aussi ­interprété par l’Orchestre de ­Paris, l’une des rares formations françaises que Pierre Boulez affectionnait, qu’il a souvent dirigé pendant les dernières ­années de sa carrière, avant qu’une ­partie de sa santé déclinante ne ­l’empêche de se produire en public.

Sous la direction de Matthias Pintscher et de Paavo Järvi, qui en était alors le patron, l’orchestre joue quelques-unes des Notations, qui sont parmi les rares compositions orchestrales de Boulez régulièrement données en concert.

On entendra également l’austère, voire granitique, musicien des Improvisations sur Mallarmé – l’un de ses deux poètes de prédilection, avec René Char –, extraites du cycle Pli selon pli, où des coins de ciel bleu sonore éclairent la grisaille assez tenace de cette musique.

Une partition poétique

Dérive 1 est en revanche l’une de ses plus poétiques et plus claires partitions, jouée par les étudiants du CNSMDP, sous la di­rection du directeur actuel de l’établissement, le compositeur Bruno Mantovani.

Enfin, Messagesquisse, pour sept violoncelles, une partition poétique à sa manière, que lui avait commandée le violoncelliste russe Mstislav Rostropovitch, et Dialogue de l’ombre double, échange ludique entre la clarinette et l’électronique en temps réel – l’une des technologies chéries de Boulez, que celui-ci aura fait développer dans le cadre de l’Institut de recherche et coordination acoustique/musique (IRCAM), le laboratoire musical fondé par ses soins et associé au Centre Pompidou, à Paris.

Hommage à Pierre Boulez, enregistré à la Philharmonie de Paris, le 26 janvier 2016. Réalisation : Jean-Pierre Loisil (France, 2016, 69 minutes).