Documentaire sur Arte à 22 h 25

Zur ARTE-Sendung Express Yourself Die Tänzer der Queen of Pop 1887003: Tänzer Oliver Crumes © SWR Foto: SWR Honorarfreie Verwendung nur im Zusammenhang mit genannter Sendung und bei folgender Nennung "Bild: Sendeanstalt/Copyright". Andere Verwendungen nur nach vorheriger Absprache: ARTE-Bildredaktion, Silke Wölk Tel.: +33 3 881 422 25, E-Mail: bildredaktion@arte.tv | © SWR

D’émouvants portraits et témoignages des six danseurs qui accompagnaient Madonna lors de sa ­sulfureuse tournée “Blond Ambition Tour” en 1990. » Ainsi présenté, par Arte, on pourrait s’étonner que le documentaire Express Yourself, qui traite d’un sujet apparemment aussi ténu et vain, soit au programme de la chaîne culturelle franco-allemande.

Mais il n’y a au fond pas de mauvais sujets, seulement de mauvais traitements de sujets. Et celui-ci est non seulement bien traité mais il rayonne largement au-delà de la promesse de son libellé. Car, à travers le témoignage de six des sept anciens danseurs de la reine de la pop des années 1990, c’est l’époque terrible des années sida à son acmé qui est au centre du propos.

Le film documentaire In Bed With Madonna (1991), d’Alek Keshishian, souvent évoqué, reste comme le témoin d’un état d’esprit que l’un des danseurs définit ainsi : « On était libres, expressifs ; on brisait des tabous et l’on n’avait pas peur de s’affirmer. »

La scène du baiser entre deux d’entre eux fit scandale aux Etats-Unis, où l’on ajouta la chose au dossier déjà fourni des attentats à la pudeur et des actes blasphématoires reprochés à Madonna.

Fête, drogue et alcool

Mais, ce que rappelle aussi Express Yourself, ladite scène fit l’objet d’un procès intenté à la chanteuse par l’un des deux garçons, Gabriel Trupin, pourtant « chouchou de Madonna », mort en 1995 du sida, qui lui reprocha d’avoir laissé diffuser la scène sans son consentement et d’avoir donc révélé, contre sa volonté, son homosexualité.

Qui eût douté que les flamboyants danseurs de Madonna étaient homosexuels ? Mais gare aux apparences : l’un d’eux ne l’était pas. Celui-ci, aujourd’hui lesté de quelques kilos et serveur dans une cafétéria, en plaisante, avouant « avoir plus de fringues que son épouse », et ajoutant : « Essayez de trouver un mec qui porte des Adidas roses en daim ! »

Vingt-cinq ans après cette époque de fête, de drogue, d’alcool, de « bulle coupée du monde extérieur », de galère et de menace sérologique, six de ces danseurs, qui n’ont plus revu leur ancienne patronne et ne se sont plus recroisés, se retrouvent pour un jeu « action ou vérité ». C’est fort et terrible, comme le temps qui passe.

Express Yourself,d’Ester Gould et Reijer Zwaan (Pays-Bas, 2016, 60 min).