Un millier de Tunisiens ont manifesté, dimanche 8 janvier, dans le centre de Tunis pour protester contre un éventuel retour au pays de djihadistes, qui représenterait selon eux une « grande menace » pour la sécurité nationale.

La Tunisie compte plus de 5 500 ressortissants dans les rangs d’organisations djihadistes à l’étranger, notamment en Irak, en Syrie ou encore en Libye, selon le groupe de travail de l’ONU sur l’utilisation de mercenaires. Pour le gouvernement tunisien, ils seraient moins de 3 000.

« On ne pardonne pas les criminels ! »

Un vif débat agite depuis des semaines le pays sur la perspective d’un retour massif de ces djihadistes, un sujet qui suscite l’inquiétude de nombreux Tunisiens.

A l’appel d’un mouvement citoyen, plus de mille personnes se sont rassemblées dimanche dans le centre de Tunis. « Retour des terroristes, grande menace contre la sûreté du pays », « Non au retour des terroristes au pays ! », « Tous les Tunisiens contre le terrorisme » ou encore « On ne pardonne pas les criminels ! », ont scandé vivement les manifestants encerclés par un important dispositif de sécurité. Un premier rassemblement avait déjà eu lieu à l’appel d’un collectif citoyen le 24 décembre 2016.

Enveloppés dans des drapeaux de la Tunisie, les protestataires ont défilé sur l’avenue Habib-Bourguiba, cœur battant de la capitale en chantant l’hymne national avant de crier leur colère, notamment contre le parti islamiste Ennahda et son chef, Rached Ghannouchi.

M. Ghannouchi avait soutenu par le passé l’idée de « repentance » pour les djihadistes tunisiens qui voudraient rentrer chez eux, à la condition qu’ils abandonnent la violence. « Ghannouchi, ces terroristes sont tes enfants et non pas les enfants de la Tunisie », pouvait-on entendre sur l’avenue Bourguiba.

« Elargir le cercle du terrorisme »

« Les Tunisiens doivent être rassurés par une vraie volonté politique qui affiche clairement son refus d’un retour de ces criminels », s’est emportée Shahnez Mili, fonctionnaire de 33 ans.

Fin décembre, le Syndicat national des forces de sécurité intérieure a notamment fait valoir que les djihadistes avaient « reçu des formations militaires et appris à manipuler toutes sortes d’armes de guerre sophistiquées ». Ils pourraient rejoindre les « cellules dormantes » du pays et « élargir le cercle du terrorisme », a-t-il prévenu dans un communiqué.

Certaines voix ont même appelé à déchoir ces djihadistes de leur nationalité. Interdite par la Constitution, cette mesure a toutefois été rejetée par le président Béji Caïd Essebsi, déclarant : « On ne peut empêcher un Tunisien de revenir dans son pays (…) mais évidemment, nous allons être vigilants. » Le 29 décembre, le premier ministre Youssef Chahed avait affirmé de son côté que son gouvernement « n’était pas favorable » au retour de ces djihadistes.