Elle a très tôt affiché son soutien à Vincent Peillon. Mais Anne Hidalgo n’entend pas se contenter de jouer les supportrices dans les gradins tandis que les candidats à la primaire à gauche s’affrontent sur le terrain des idées. Même si son ralliement – sans condition – à l’ex-ministre de l’éducation nationale, le 12 décembre, lui donne des chances relatives de voir ses idées reprises par ses concurrents, elle leur a adressé à chacun, le 21 décembre, une lettre de cinq pages pour leur faire part de ses propositions.

Ce courrier, que Le Monde s’est procuré, aborde les trois chantiers que la maire de Paris estime prioritaires pour le futur président de la République : « le premier défi » est à ses yeux « la lutte contre le changement climatique ». Mme Hidalgo appelle à « sortir » la France « du diesel en 2025 », à encourager les capitaux privés à s’investir dans la transition énergétique, à « sortir de la comptabilisation des 3 % de déficits de Maastricht toutes les dépenses environnementales ». « Ce n’est pas la dette financière des Etats, des villes et des territoires qui menace le monde : c’est leur dette environnementale », écrit-elle.

« Un plan en grand »

L’autre urgence est de « s’attaquer aux inégalités territoriales » en y consacrant « un plan en grand, enfin un vrai plan », insiste-t-elle, financé à hauteur de « 40 milliards d’euros par an ». Il s’agit de « concentrer toutes nos politiques » en matière de logement, de services publics ou de sécurité « dans la France périurbaine qui se vit de plus en plus en dehors de la modernité » et où « le populisme (…) ne cesse de progresser ».

Mme Hidalgo appelle enfin à « un renouveau démocratique » qui impose de « tourner le dos au centralisme jacobin et colbertiste » et de « faire confiance aux initiatives locales dans les territoires, dans tous les domaines » – éducation, enseignement, culture…

Son action en exemple

Elle propose de limiter dans le temps le nombre de mandats à la tête d’un exécutif local – deux maximum –, de doter le président de la République d’un « conseil des territoires » qui se réunirait une fois par mois pour contrebalancer « la tendance centralisatrice » du gouvernement. Elle imagine un budget participatif national sur le modèle parisien.

Qu’il s’agisse de ce sujet ou de la politique de soutien aux start-up qu’elle mène dans la capitale, Mme Hidalgo cite son action en exemple. Et suggère que l’Etat s’en inspire.

Au passage, elle n’omet pas d’égratigner le bilan gouvernemental de Manuel Valls. La gauche, écrit-elle, doit retrouver « l’assise populaire qui lui fait défaut ». Elle critique les aides accordées aux entreprises sans contreparties. « Il s’agit, dit-elle, d’éviter les erreurs commises à l’occasion du pacte de responsabilité. » Hostile à la loi travail de Myriam El Khomri, elle estime que « nous devons, plus que jamais, préparer et protéger les travailleurs dans un contexte de mutation ».

A travers ce courrier qui ressemble à un pré-programme présidentiel, la maire de Paris laisse entrevoir son ambition : celle de jouer, à terme, un des premiers rôles sur la scène nationale.