Alexandre Bastrykine, à Moscou, en 2008. | DMITRY ASTAKHOV/AFP

A dix jours de l’investiture officielle de Donald Trump à la Maison Blanche, l’administration sortante du président américain Barack Obama a adopté de nouvelles sanctions contre cinq personnalités russes, dont Alexandre Bastrykine, un proche du président Vladimir Poutine qui a fait son entrée, lundi 9 janvier, dans la « liste Magnitski ».

Rendue publique par le Trésor et le département d’Etat, cette liste, qui tire son nom d’un juriste russe, Sergueï Magnitski, mort en détention en 2009, gèle les éventuels biens des personnes citées pour corruption ou atteintes aux droits humains et leur interdit l’entrée aux Etats-Unis. Chef du comité d’enquête, le bras armé judiciaire du Kremlin, M. Bastrykine y fait figure, désormais, parmi les 44 responsables russes visés, de plus haut placé.

Colonel-major de justice, ainsi que sa biographie le présente, ce dernier dirige, depuis sa nomination en 2011 par M. Poutine, l’institution judiciaire chargée de toutes les affaires sensibles en Russie, qu’il s’agisse de l’instruction contre l’ex-oligarque Mikhaïl Khodorkovski, de celle contre l’opposant Alexeï Navalny, du groupe punk Pussy Riot, des écologistes de Greenpeace ou des Ukrainiens accusés d’espionnage. Un poste qui nécessitait quelqu’un de confiance. Alexandre Bastrykine, 63 ans, a fait ses classes dans la même université de Saint-Pétersbourg que M. Poutine. Le chef de la police judiciaire rend compte directement au président.

« Cadeau » d’anniversaire

Lundi, tandis que les autorités américaines inscrivaient son nom sur la liste des sanctions, M. Bastrykine décorait quelques-uns de ses collaborateurs pour fêter les six années de l’organisme devenu indépendant par décret présidentiel. Le « cadeau » d’anniversaire que lui a envoyé Washington ne le surprendra sans doute pas. En mars 2013, déjà, il fanfaronnait en déclarant que ce serait pour lui « un grand honneur de rentrer dans la liste Magnitski ».

Plus récemment, en avril 2016, dans une tribune publiée dans la presse, il avait mené un violent réquisitoire contre les Etats-Unis en prônant le modèle chinois pour le contrôle des médias et des ONG. « Il est temps d’ériger une barrière efficace contre la guerre d’information, écrivait-il. Ça suffit de jouer à la fausse démocratie en suivant des valeurs pseudo-libérales. »

Réputé pour sa brutalité, le chef du Comité d’enquête russe avait été accusé en juin 2012 par Sergueï Sokolov, un journaliste du quotidien indépendant Novaïa Gazeta, de l’avoir menacé de mort après l’avoir entraîné dans une forêt.

La « liste Magnitski » actualisée comprend aussi Andreï Lougovoï, un ex-agent secret russe devenu parlementaire, réélu à la Douma lors des élections législatives de septembre, et Dmitri Kovtoun, un homme d’affaires. Tous deux sont soupçonnés d’être liés à l’assassinat de l’ancien transfuge du KGB, Alexandre Litvinenko, empoisonné au polonium à Londres en 2006.